Marc Papinutti. (Photo DR)
Recueilli par Jean-Pierre LACAN
Marc Papinutti, directeur général de VNF, répond aux maires hostiles à une lutte radicale contre le chancre.
La probable expérimentation d’un vaccin contre le chancre a conduit beaucoup d’élus à réclamer un arrêt de l’abattage. Tenez vous compte de ce qu’ils disent ?
J’écoute les demandes des élus. La règle, fixée par arrêté, était d’avoir des abattages préventifs systématiques autour des arbres malades. Des maires hostiles à cette pratique m’ont contacté. J’ai convenu avec eux de n’abattre que les arbres dangereux, c’est-à-dire les arbres morts.
Il n’est donc plus question d’abattre des arbres sains inclus dans un périmètre de 50 mètres de part et d’autre de l’arbre infesté ?
Je dis que j’ai suspendu ces abattages de précaution. Je n’ai pas dit qu’il n’y en aura plus. Je les ai suspendus parce que la période n’est pas la plus propice pour y procéder, en raison des réactions hostiles. Mais il faudra que je respecte les règles de prophylaxie qu’impose l’arrêté préfectoral.
Des arbres peuvent ne pas être morts mais présenter des signes d’infection. Seront-ils épargnés ?
Il y a plusieurs étapes dans la maladie. Le stade extrême où l’arbre est mort, ses branches risquent de se détacher. Ceux-là seront abattus. Puis il y a les arbres qui présentent les signes de la maladie et ceux qui sont encore sains mais qui se trouvent dans le périmètre de protection. Pour ces deux catégories, nous suspendons l’abattage.
Cette suspension est bien sûr valable sur la totalité du canal…
Pour l’instant mes services l’appliquent sur trois communes : Castelnaudary, Carcassonne et Sallèles-d’Aude.
Mais ce ne sont pas les seules à être concernées par les chantiers d’abattage. Pourquoi elles et pourquoi pas les autres ?
Parce qu’il y a des sites qui provoquent beaucoup de réactions, notamment lorsque le canal passe en centre-ville, et d’autres moins. Je pense que nous avons dû manquer de pédagogie. J’ai donc accepté qu’on limite l’abattage aux arbres morts dans ces centres-villes. On a tout de même l’impression que la stratégie de VNF varie en fonction de l’attitude, plus ou moins virulente, des maires…
Non. Je vous le dis. La réactivité aux abattages préventifs se pose surtout dans les centres-villes. J’ai donc discuté avec les maires de ces communes qui ne supportaient pas l’idée de tels abattages. Trois m’ont saisi, les maires de Castelnaudary, de Carcassonne et de Sallèles-d’Aude.
Mais si d’autres élus vous le demandent, vous serez bien obligé d’opter pour la même solution…
Dans un premier temps oui. Je ne peux pas appliquer des règles différentes d’une commune à l’autre. La priorité est donc désormais la sécurité des populations et non plus l’expansion du chancre coloré…
Quand des maires veulent interdire l’abattage, je ne peux pas les ignorer. Je préfère donc temporiser, attendre que la végétation réapparaisse pour évaluer la progression et faire le point avec tout le monde.
Il y a quelques jours VNF annonçait l’abattage de 1 127 arbres d’ici mi-avril. Ce chiffre va donc être considérablement réduit.
À combien ?
Nous ne disposons pas encore de cet élément.
Vous parlez d’une suspension. Jusqu’à quand ?
Je veux contenir les foyers mais je ne veux pas être le seul à le faire. Nous voulons partager cela avec tout le monde. L’abattage n’est pas une volonté de VNF. Je préfère donc qu’il y ait un moratoire tel que je l’ai défini pour laisser du temps au débat. Je veux partager avec tout le monde les objectifs et les contraintes. S’il y a un rejet du plan d’abattage, il faut donc rediscuter.
Les résultats de l’expérimentation de ce que l’on appelle un vaccin définissent-ils votre horizon ?
J’ai simplement tout fait pour qu’on réalise cette expérimentation. Il faut que nous soyons totalement crédibles.
En stoppant les abattages préventifs, ne vous mettez-vous pas en contravention avec l’arrêté ?
J’ai un sujet auquel, il faut que je réponde. Je souhaite aujourd’hui que les enjeux et les choix soient partagés.
(Voies navigables de France est l’établissement public concessionnaire du réseau fluvial et des canaux du pays.)
MIDI LIBRE du 04/02/2014