Un comité scientifique va désormais se réunir pour étudier le périmètre d’abattage des platanes le long du canal du Midi. PHOTO/CLAUDE BOYER
Devant la fronde des maires, VNF n’abat plus que les arbres malades. Un comité scientifique va se réunir pour étudier le périmètre d’abattage.
L’apaisement après la polémique… En décembre, plusieurs maires de l’Aude et de l’Hérault ont dénoncé l’abattage massif des platanes du canal du Midi contaminés par le chancre coloré, quand Voies navigables de France (VNF) a présenté sa nouvelle campagne de coupe à la mi-février et à la mi-avril. Les maires mettent en cause l’abattage d’arbres sains situés autour des malades pour éviter la propagation de la maladie. Devant cette fronde, VNF a adopté un moratoire qui suspend la coupe d’arbres dans les zones de prophylaxie. « Cet hiver nous n’avons abattu que des arbres visuellement malades, a expliqué hier Patrick Butte, directeur territorial de VNF à Toulouse. 1 200 platanes ont été coupés sur les 1 700 prévus. Nous avons différé l’abattage des arbres situés à proximité pour faire comprendre notre stratégie. Chaque maire sera contacté pour valider les arbres qui seront abattus. »
7 600 arbres ont été abattus
Depuis la découverte de la maladie en 2006, 7 600 arbres ont été abattus parmi les 42 000 platanes du Canal du Midi. Seulement 1 247 arbres ont été replantés depuis 2011 et 1 200 le seront l’hiver prochain. VNF plante différentes espèces dont le platanor, un hybride résistant, le tilleul argenté, le peuplier blanc, le carya, etc. À Trèbes, 51 des 164 platanors plantés ont dû être remplacés il y a quelques semaines. Ils n’auraient pas pris à cause d’un déficit en eau précoce. Mais à Villedubert, les 210 tilleuls argentés ont bien pris. Pour le moment, la maladie ne dépasse pas Castelnaudary, probablement parce qu’il y a moins de bateaux vers Toulouse. Ceux-ci propagent la maladie en s’arrimant aux berges.
Devant la fronde des élus, le préfet de Midi-Pyrénées, qui est le coordonnateur du Canal, a décidé de réunir le comité scientifique composé d’une vingtaine d’experts de la maladie et de représentants de l’État. Le comité se réunira « courant avril », puis le préfet ou le ministère de l’agriculture prendront une décision. VNF espère qu’elle interviendra avant la prochaine campagne de coupe, de fin août à mi-novembre. Mais l’on voit mal comment le comité scientifique pourrait changer d’avis. Il s’est déjà réuni en 2008 et 2011. Il a agrandi la zone de prophylaxie à 50 mètres autour des foyers de maladie « parce que l’on s’était aperçu que 20 ou 30 mètres ne suffisaient pas », dit Émilie Coulet, chargée de l’environnement à VNF.
La maladie, qui progresse vite, se transmet par les racines enchevêtrées. « Quand on coupe des arbres visuellement sains, on s’aperçoit souvent qu’ils avaient la maladie dans la souche », dit Patrick Butte. Autre demande forte des maires, la recherche de traitements contre la maladie sera prise en compte. VNF a reçu plusieurs propositions et transmis trois protocoles scientifiques au ministère de l’agriculture. Parmi ceux-ci, le Centre d’expertise en techniques environnementales et végétales (Cetev) de Toulouse veut expérimenter la micro-injection de fongicides, dont il a transmis une liste le 16 février. Le ministère de l’agriculture estime que cela mérite un approfondissement et VNF mettra à la disposition des sites d’expérimentation.
Mais les premières évaluations ne sont pas attendues avant trois ans et les abattages se poursuivront pendant ce temps.
220 M€ sur 20 ans
L’abattage et la replantation des platanes du canal du Midi sont estimés à 220 M€ sur 20 ans par VNF, dont un tiers à la charge de l’État et de VNF, un tiers des collectivités locales et un tiers de « financements innovants », dont 30 M€ attendus du mécénat. VNF communiquera les résultats de la campagne de mécénat avant l’été. L’établissement n’a fait appel aux collectivités locales qu’à partir de 2013. Seul le Conseil régional du Languedoc-Roussillon a apporté 711 000 € pour le 2e semestre 2013. Le conseil général de l’Aude n’a pas payé mais il met sa pépinière à la disposition de VNF. Celui de l’Hérault paiera en 2014. VNF a donc financé l’essentiel des 11 M€ dépensés depuis le début. La replantation coûte cher car VNF a choisi des arbustes assez grands pour reverdir les berges : les plants de 3 à 5 mètres coûtent de 500 à 700 €. Plus, de 600 à 1 000 € selon les essences.
l independant 11/04/2014