Depuis fin avril, des chèvres et des moutons jouent les jardiniers auxiliaires sur les berges du canal du Midi dans le cadre d’une expérience inédite de débroussaillage écologique.
Quatre chèvres, cinq chevreaux, deux brebis, quatre agnelles une bergère, son compagnon et un border colley : depuis le 20 avril, les abords de l’écluse de Castanet sont le théâtre d’une expérience inédite de débroussaillage pastorale. Pour supprimer les ronces et les herbes folles qui poussent dans la zone difficile d’accès du «contre halage» située face à la piste cyclable, en aval de l’écluse, la subdivision de la Haute-Garonne des voies navigables de France (VNF) fait confiance au solide appétit des chèvres et des moutons de l’association Lena pour la promotion de l’élevage écologique nomade et alternatif. Tous les deux jours, Sarah Plantier, la bergère de Lena installe ses ouailles dans un parc électrifié avec pour mission de se remplir la panse. Une fois les herbes rasées et les ronces réduites à de vulgaires tiges sans feuilles, la bergère aidée de son fidèle chien Zorba déplacent parc et troupeau de quelques mètres, pour renouveler la pâture. Ces transhumances vont se poursuivre jusqu’au 20 juin sur la bande d’un kilomètre de long et de vingt mètres de large dévolu à l’association par les VNF. L’expérience ne manque pas d’exotisme. Car pour surveiller son troupeau, Sarah et son compagnon se sont installés sur Lofoten, un petit voilier de sept mètres qui remonte le canal au rythme de ce débroussaillage ambulant. Si l’expérience se révèle concluante, les VNF pourraient renouveler le contrat passé pour la tonte de ce premier secteur avec l’association basée à Puivert près de Quillan dans la haute vallée de l’Aude. Empêtrées depuis des mois dans la gestion à la tronçonneuse du chancre coloré, les Voies navigables tiennent avec le petit troupeau de Lena, l’occasion de reverdir leur image aux yeux des élus et des usagers du canal déstabilisés par le traitement de choc de la maladie des platanes. Pour la jeune association créée il y a un an, ce premier contrat avec une collectivité ouvre la perspective d’agrandir le troupeau pour être en mesure de répondre à d’autres appels d’offres. Mais d’ici la nature mène la danse. «Les chèvres grignotent les ronces et tous les végétaux ligneux et les moutons passent ensuite pour raser l’herbe. Et si besoin, nous terminons à la faux pour que le travail soit impeccable», raconte Sarah. Juriste de formation, Sarah et son compagnon sociologue de l’économie non marchande ont choisi de développer un élevage à dimension humaine. Trop petit pour produire suffisamment de fromage pour faire vivre le couple, le troupeau se révèle être une débroussailleuse écologique de premier ordre. Reste maintenant à pérenniser l’expérience.
LA DEPECHE DU MIDI 14 mai 2014