Un regard poétique,
voyage au pays de
l’imaginaire. Des
champs pétrifiés
par la gelée du petit matin à
Vermelles (Pas-de-Calais), la
boue modelée par les allées
et venues des roues géantes
des tracteurs à Maroeuil ou
l’exubérance du printemps
porteur de vie au chemin de
Béthelainville.
Trois exemples d’arrêt sur
image sur des lieux qui ont
connu l’apocalypse en 14-18
et qui n’ont aujourd’hui plus
aucune trace, ou presque du
drame qui s’est joué là cent
ans plus tôt.
ð Prix de la Villa Médicis
Le photographe Jean-Pierre
Bonfort – Prix de la Villa Médicis
en 1990 -, à la demande
de la Bibliothèque nationale
de France où l’exposition a
été présentée de mars à
août 2014, est parti dans les
pas d’un soldat de 14-18, du
caporal tonnelier de Peyriac-
Minervois, Louis Barthas
qui laissera de magnifiques
carnets, témoignages lucides
et précis comme un
scalpel sur le quotidien des
Poilus et l’horreur de la Grande
guerre.
Dans cette magnifique exposition
« Sur les pas de Louis
Barthas », à voir jusqu’au
6 février aux Archives départementales,
Bonfort pose son regard
d’artiste sur ces paysages
mélancoliques et transporte
l’observateur vers ces terres
imaginaires et ce quotidien insoupçonnable
de torture.
« J’ai longtemps travaillé en
noir et blanc. Et je garde
aujourd’hui ce goût pour proposer
des couleurs imaginaires.
» Jean-Pierre Bonfort
s’est fondu dans le paysage
au milieu des populations,
muni de son simple téléphone
portable. Un choix artistique
et pratique.
ð Carnets de Barthas
exposés pour la 1ère fois
Le résultat est saisissant. Le
froid, la neige, la pluie ou la
boue aujourd’hui donnent
une plus grande proximité
avec le vécu de ces hommes.
L’artiste donne aussi à voir
des monuments mais aussi
des cimetières témoignages
imposants et lourds de ce
lointain passé encore si présent
dans les familles de
France.
Au-delà de ces photos complétées
par des extraits des
carnets de Louis Barthas, le
public pourra découvrir
deux vidéos. L’une sur
Jean-Pierre Bonfort commentant
son travail et l’autre sur
l’expérience conduite par
Georges Barthas, petit-fils
de Louis et son épouse Annie
qui tiennent des conférences
dans de nombreux collèges.
Les descendants de Barthas
qui ont fait un joli cadeau
aux Archives. Pour la première
fois, les originaux des Carnets,
agrémentés de cartes
postales de Louis, sont proposés
au public.
Patrick Bessodes
L INDEPENDANT du 08.12.2014