À l’heure où les Voies navigables de France font campagne pour solliciter les particuliers dans l’optique de planter 42 000 platanes, à Bonrepos-Riquet on croise aussi les doigts pour que 2 015 soit celle de tous les espoirs. Propriétaire, depuis 2007, du château de Pierre-Paul Riquet, de ses dépendances et d’un grand parc, le village de 270 âmes peine à maintenir en vie ce site fabuleux et plus encore à lui redonner une seconde jeunesse. Malgré tout, son maire, Philippe Seilles, et toute une équipe de bénévoles passionnés ne baissent pas les bras. Ils comptent bien continuer à avancer dans leur démarche pour que la grande bâtisse ne tombe pas aux oubliettes. «Nous avons fait une demande pour être éligibles au fonds leaders et bénéficier des aides européennes. Le PETR qui remplacera le Pays Tolosan et le Scott, devrait nous y aider. Notre objectif est de passer à la deuxième phase de restauration de l’orangerie, une opération coûteuse chiffrée à 500 000 €. Mais cela permettra de créer des salles de mariages, de banquet, pour des congrès… La demande et forte et croissante», explique le maire.
Cette orangerie a déjà été en partie restaurée. Les toitures, refaites, avaient été financées par divers mécènes, comme la fondation Total. Elle avait également reçu des aides des monuments de France. Et, particularisme local, invention du maire également, des plus petits donneurs ont déjà soutenu le projet sur internet. L’opération créée en 2009, intitulée «200 000 pixels» consiste à acheter une ou plusieurs parties d’une photo du château, à 100 € le morceau, ou pixel. Elle aurait, selon Philippe Seilles, «rapporté 80 000 euros. Nous nous servons de cet argent pour financer les 20 % des réparations qui sont à la charge de la commune lorsque 80 % sont subventionnés». C’est également grâce à ces pixels que la ville a pu boucler les réparations des communes à l’entrée du parc. 100 000 euros ont permis d’éviter l’effondrement et la disparition totale de ces bâtiments.
Dans un futur plus lointain, la ville espère également rénover la machine hydraulique (sorte de maquette) qui permit à l’ingénieur de faire connaître le fonctionnement du canal, des écluses, etc. Ce bijou de technologie pour l’époque avait permis à Riquet de séduire Colbert. Des portes s’étaient ensuite ouvertes. À ce jour, près de 700 000 € ont été investis dans la restauration du château qui a pris un vrai coup de jeune. La ville compte cette année intensifier sa demande de rattachement au Canal du Midi pour obtenir le label de l’Unesco.Autant de raisons pour tout une équipe de continuer son combat. Même s’il est vrai que le sauvetage de ce patrimoine local est aujourd’hui de plus en plus difficile à présenter comme une priorité en termes de dépenses publiques.