Depuis le carré de son navire, Max Ducros profite de sa fenêtre avec vu sur cour d’eau./Photo DDM, Jean-Michel Mazet
Max Ducros est le dernier occupant de l’ancien chantier naval d’Agen. Sur sa péniche, le «Drakkar», il rêve de voyage, mais rien d’excentrique. Ce marinier un peu particulier a les pieds sur terre.
Sur son «Drakkar», Max Ducros n’a rien d’un envahisseur barbare. Si sa péniche porte le nom des navires vikings qui ont assiégé Paris en 885 depuis la Seine, sur le Canal latéral à la Garonne, le propriétaire du Melrose, souhaite surtout mener une vie paisible.
Le pied marin
Il y a bientôt 5 ans, ce fils d’agriculteur a décidé de jouer les mariniers. Avec le «Cyrano», il avait passé le cap et s’était installé en bordure de quai, derrière la gare, à l’emplacement de l’ancien chantier naval d’Agen. Mais c’est une deuxième péniche, le fameux «Drakkar», qui lui a donné envie de quitter son pied-à-terre pour prendre son pied marin. Ce n’est pas un trois-mâts de quatre cents tonneaux, mais avec ses 28 m de long- «Elle en faisait 38 mais a été raccourcie pour pouvoir naviguer sur le Canal du Midi» — et son moteur diesel 150 CV, le navire avait de quoi séduire l’ancien conscrit de la marine. «J’ai toujours aimé les bateaux», explique-t-il. «Quand je suis venu à Agen, je ne voulais pas être complètement en ville, je voulais être dans la nature. Sur le bateau, c’est différent, je me sens quand même plus indépendant que les gens qui sont à terre. Mon seul lien, c’est la passerelle.»
Quand il ne travaille pas à terre, il profite donc de son navire pour vivre au rythme du canal agenais et de ceux qui l’empruntent. «Il n’y a pas que des touristes, il y a aussi de beaux bateaux qui passent. Cela créer toujours une certaine forme d’émerveillement. Parfois, certains s’arrêtent et on discute, il y a une forme de solidarité entre les gens qui vivent sur l’eau». Et quand il ne flâne pas, il finit de retaper sa maison flottante.
Il est libre Max
Avec ses presque 145m² habitables, la péniche de Max lui offre un certain confort. Il prévoit même d’y installer un jacuzzi et d’aménager une grande terrasse. Mais en attendant de pouvoir pleinement profiter de son navire, le marin d’eau douce doit terminer des travaux qui ont commencé il y a deux ans. Transformer un bateau qui transportait du blé entre Bordeaux et Toulouse en palace, prend du temps. Surtout qu’il «a fallu refaire entièrement le fond qui était pourri», précise l’armateur amateur. Pas découragé par cette avarie, Max Ducros pense déjà à la retraite et au jour où il va appareiller : «je pourrais aller où je veux. Mon premier trajet sera le Canal du Midi pour aller jusqu’à l’étang de Thau», se met à rêver l’aventurier qui pour l’instant ne peut pas encore aller bien loin. «J’ai déjà le permis fluvial mais pas encore celui de péniche de grande plaisance. Je n’ai pas le temps de le passer, je suis au travail tous les jours», se justifie-t-il. «Comme c’est un bateau qui a une certaine valeur, je ne veux pas passer le permis en un jour, je veux être capable d’assurer la manœuvre. Faut pas oublier que c’est ma maison aussi, je ne peux pas me permettre de le coincer sous un pont.»
Il est encore loin de jouer à l’«Homme de Picardie», mais il s’en fout, il n’est pas pressé et cela ne l’empêche pas de jouer les commandants de bord. D’ailleurs, en riant, il nous rappelle qu’il a gagné quelques galons en emménageant sur sa péniche. Même sans la casquette et l’uniforme, «je reste capitaine de navire, malgré tout !»
Michael Ducousso 6 Extrait de LA DEPECHE DU MID