Le port du canal du Midi, point de rencontre de toutes les nationalités

Au niveau du port de plaisance de Carcassonne, le canal du Midi perd toute allure
de havre de paix. Le lieu devient le théâtre d’un incessant va-et-vient de visiteurs.

Il est 7 h. L’éclusier
s’affaire déjà sur le bord
du chenal, au port de
Carcassonne. Du matin
jusqu’au soir 18h, il assure la
circulation sur cette artère
audoise qu’est le canal du
Midi, en ouvrant et abaissant
l’écluse, comme on pose un
garrot, jusqu’à soixante fois
par jour. Une artère, certainement,
puisque classée au
patrimoine mondial de
l’Unesco, et source d’activités
pour les communes irriguées.
Mais une artère qui ne
vit que l’été. L’hiver, la capitainerie
de Carcassonne se
met en veille, et seules quelques
sentinelles gardent un
oeil sur les péniches
échouées contre les bords.
ð 4500 péniches
par saison
Le printemps venu, le soleil
et la vie regagnent les eaux
du port. À partir du 17 mars
précisément, jour de l’ouverture
de l’écluse, synonyme
de début de saison. De son
ponton, Stéphanie Bourgain,
à la tête de la capitainerie,
guette l’arrivée des nouveaux
plaisanciers depuis
l’aval ou l’amont. Ils sont
environ 4500 à passer l’écluse
chaque saison. Et peu
d’entre eux se contentent de
traverser. Les trois quarts
s’amarrent aux 79 emplacements
du port ou sur le Quai
Riquet, le temps de ravitailler
la cale en vivres et en eau
potable, ou de fureter dans
les commerces avoisinants
(lire ci-dessous), avant de
poursuivre leur périple.
85% des embarcations attachées
sont des locations, des
bateaux sans permis réservés
pour une poignée de
jours auprès des Canalous
ou du Boat, les deux grandes
sociétés de location fluviales
présentes dans toute l’Europe.
ð Une tour de Babel
posée sur l’eau
Certes, quelques inconditionnels,
quelques irréductibles,
flottent encore à l’année au
gré du lent remous du canal
(lire à droite), mais ils sont
bien minoritaires. Le port de
Carcassonne, aujourd’hui,
prend les aspects de plateforme
internationale, où s’agitent
des touristes venus du
monde entier. «On a des
Anglais, des Allemands, des
Hollandais, des
Espagnols… » énumère Stéphanie
Bourgain. Jusqu’ici,
rien de surprenant, on savait
que l’Aude attirait ses voisins.
«…des Russes, des Slovaques,
des Canadiens, des Suédois,
des Finlandais, des
Chinois, des Danois, des Brésiliens
! En ce moment, on a
beaucoup d’Américains et
d’Australiens» finit-elle par
dire, « c’est vraiment
génial!». En ce moment, les
Français, nationalité la plus
représentée, ne sont que 7%.
ð Ballet de plaisance
Chaque été, des milliers de
visiteurs trouvent donc au
port, dans le cocon frais et
ombragé du canal, des
moments de tranquillité loin
de la foule de la Cité. Et pour
ceux qui n’ont pas le loisir de
louer une péniche, il y a toujours
un moyen de s’approcher
au plus près de l’eau.
Que ce soit par Le Cocagne
ou Lou Gabaret, les deux
groupes qui proposent des
croisières commentées jusqu’à
l’écluse de Saint-Jean.
Ou alors à vélo, en longeant –
comme on le peut (lire à
droite) – les chemins de halage.
Carcassonne, au milieu des
terres, s’abreuve de son tourisme
fluvial ; un tourisme
d’une journée, sans cesse
renouvelé. Ces visiteurs éphémères
ne peuvent remarquer
que, depuis 2006, des platanes
centenaires et malades
sont abattus, 1 846 entre
février et avril. Et que 1 093
autres ont été replantés.
Mais c’est un autre
roulement…
Textes : Simon Martin (L INDEPENDANT du 01.06.2015)
Naviguer, combien ça
coûte à Carcassonne?
Du côté de la location de
péniche, Les Canaloux est la
seule société à proposer
Carcassonne comme base de
départ des croisières. Ses
clients louent des bateaux
aménagés pour un minimum
de trois jours et deux nuits, en
suivant des programmes
pré-établis, si bien qu’ils
savent chaque soir dans
quelle commune ils vont
amarrer.
Toutes les formules et tarifs
existent pour louer sa
péniche, en fonction du
nombre de personnes, de la
puissance et de l’équipement
du bateau, de la semaine
choisie (haute ou basse
saison). Prenons donc une
famille de 4 à 5 personnes qui
a prévu de partir aujourd’hui
même, et qui opte pour un
bateau de moyenne gamme.
Elle n’a pas besoin de permis
(la société fournit un permis
temporaire suite à une
formation d’une heure), et ne
paie pas de péage aux
écluses. Pour cinq jours, la
famille devra débourser
environ 1 200 e pour la
location du bateau (le tarif
passe au double pour un
bateau « prestige »), et
avancer une caution de
780 e. Au port de
Carcassonne, une halte d’une
heure, le minimum, coûte 3 e.
La demi-journée, 4 e, la
journée 8 e et la nuit 8 à
13 e, selon les services
(électricité, eau, sanitaires)