Le chantier de charpenterie maritime de Mandirac a hérité le 9 novembre d’une
nouvelle épave à restaurer. Un bateau-boeuf agathois de 1881… en bien sale état
Sanglée et rafistolée de bouts de bois,
bâché, l’Espérance ne ressemble plus à
grand-chose et pourtant elle va reprendre
vie, ici à Narbonne, sur le chantier
d’insertion du Parc Naturel Régional sur la
vieille route de Gruissan. L’Espérance est la propriété
de la ville d’Agde. Le voilier a été repêché
en 2012 du fond de l’Hérault ou il a passé trois
ans pour être transporté sur un chantier naval
d’Agde. Il s’agit d’un bateau-boeuf de 1881, à voile
latine, de 14 mètres de long, construit à partir
de chênes du XIVe siècle par une famille de
pêcheurs agathois.
«La princesse Grâce de Monaco
aurait appris les rudiments de
plongée sur ce voilier ! »
Un bateau-boeuf servait à tracter (à deux
bateaux) le chalut, ce qui en fait l’ancêtre du chalutier.
Mais l’Espérance a connu plusieurs vies.
« Il a même servi de bateau de plongée
sous-marine à Monaco, la princesse Grâce et
Albert de Monaco auraient appris les rudiments
de plongée sur ce voilier ! », raconte le charpentier
maritime chef du chantier Yann Pajot.
«C’est aussi le dernier bateau boeuf à voile latine
de 160 m2 existant», ajoute Yann Pajot, les
cheveux plein de sciure.
Le Ministère de la Culture est partenaire de cette
opération dont les objectifs n’ont pas encore
été clairement définis. «On fait actuellement
des propositions de restauration à la ville
d’Agde, qui souhaiterait le remettre en activité
pour le tourisme», explique encore le chef de
chantier en insistant sur le lien entre patrimoine,
restauration et « réalimentation de l’économie».
Sur la vieille route de Gruissan à hauteur de Mandirac,
huit bénéficiaires du chantier de réinsertion,
le chef de chantier encadrant du PNR et un
accompagnant socio-professionnel de l’association
Ideal travaillent 26 heures par semaine sur
cette nouvelle épave, la quatrième du chantier
PNR. «La convention concerne pour l’instant
les travaux de première urgence et de restaurations
», souligne Yann Pajot, fier de la tradition
maritime fluviale avec laquelle renoue Narbonne.
Le chantier n’est certes pas de l’envergure de
celui de la frégate L’Hermione à Rochefort, mais
le PNR insiste sur « la forte valeur patrimoniale
liée à la Méditerranée».
Photo Philippe Leblanc
Texte : Xavier Coppi
L INDEPENDANT du 23.11.2015