Que faire du canal du Midi sur le parvis de la future gare TGV de Matabiau ? Le maire dément toute couverture, même partielle. Au Fil de l’Eau veut lancer un appel à idées.
«Nous recevons de nombreuses sollicitations sur le projet de «couverture réversible» du canal du Midi devant le parvis de la gare, sur le principe nous n’avons pas d’objection mais plutôt des propositions précises pas encore prises en compte !», écrit Valérie Piganiol, présidente du réseau associatif Au Fil de l’Eau, qui promeut l’économie et le tourisme autour du fluvial, et notamment du canal du Midi à Toulouse.
La responsable associative, par ailleurs gérante d’un hôtel, reprend ainsi les interrogations et inquiétudes que la récente présentation du projet Teso (La Dépéche du 13 mai) a suscitées, notamment en ce qui concerne l’aménagement projeté pour le canal du Midi devant la gare.
«Il y une multitude de critiques reprenant en partie les anciennes lors du projet de recouvrement du canal» (lire ci-contre), poursuit Valérie Piganiol, «c’est la raison pour laquelle nous relançons une nouvelle consultation auprès des acteurs du canal du Midi afin de connaître (leur) position».
La Métropole est déléguée pour la gestion de l’aménagement du canal par Voies navigables de France (VNF) et va traiter la section du canal du Midi qui se trouve entre Jean-Jaurès et l’avenue de Lyon, dans le cadre du projet Teso. «En créant un beau parvis, nous voulons revaloriser les abords du canal. Cela se fera entre mi-2017 et mi-2019», affirmait le président de la Métropole dans nos colonnes le 13 mai.
La rénovation comprendra des plantations d’arbres, mais aussi le traitement des «trémies» en béton qui recouvrent en partie le canal, juste en face de la gare (jugées «affreuses» par le maire), par un aménagement «léger, esthétique et réversible».
Faut-il parler de couverture, même partielle, du canal du Midi devant le parvis ? Jean-Luc Moudenc dément : «C’est une idée que je ne valide pas. Nous travaillons de façon approfondie à un aménagement sans modifier les structures».
Pour Pierre Cardinale, spécialiste du dossier «canal» au sein d’Au Fil de l’Eau, «le canal du Midi, c’est l’Unesco ; Toulouse veut l’Unesco (pour être classée au Patrimoine mondial, comme le canal NDLR), il faut réfléchir à la valorisation du canal à Matabiau, porte d’entrée des voyageurs sur la ville, et construire un écrin autour du canal devant la gare. C’est une vraie pépite», s’enthousiasme l’agitateur d’idées qui propose de faire appel aux idées des chercheurs des nombreuses écoles d’ingénieurs et labos toulousains. «Toulouse n’est pas Barcelone», ajoute-t-il, estimant que le projet présenté n’est pas assez transparent et mérite plus de débat, proposant, en cas de couverture partielle, des parois peintes et/ou végétalisées, «où l’eau coulerait», et un éclairage permanent.
Quand on voulait le bétonner
À l’époque de la voiture reine, les projets fous n’ont pas manqué à Toulouse pour tenter d’adapter la vieille Ville rose à la «modernité» automobile. Ainsi, le projet d’une autoroute urbaine pour traverser la cité en recouvrant le canal du Midi a bel et bien existé dans les années quatre-vingt. Tout comme celui de voies sur berges de Garonne, à l’image de celles des bords de Seine à Paris, qui suscitait l’opposition vigoureuse de l’association des Berges de la Garonne. Le canal s’en tirait avec un aménagement quasi autoroutier de ses berges mais restait à l’air libre. Aujourd’hui, l’urbaniste Joan Busquets a promis de lui redonner toute sa place…
Repères
Le chiffre : 2019
livraison >du nouveau parvis. Si la ligne à grande vitesse est toujours programmée pour arriver à Toulouse en 2024, date à laquelle est aussi annoncée la 3e ligne de métro à Marengo, le parvis de la gare devrait être livré dès 2019.
Philippe Emery
LA DEPECHE DU MIDI