Focus sur la vie du concepteur du canal du Midi, fermier général des gabelles et baron de Bonrepos, décédé quelques mois à Toulouse avant l’achèvement de son œuvre titanesque.
Du 15 au 25 mai 1681, un cortège d’une vingtaine de barques fait la traversée inaugurale du canal royal de Languedoc (rebaptisé canal du Midi à partir de la Révolution) qui relie Toulouse à Sète (Hérault).
Parmi les membres de cet aréopage, Henri d’Aguessau, l’intendant de la province, représentant officiel de Louis XIV ou encore François Andréossy. Cet ingénieur spécialiste d’hydraulique, a été pendant les 15 ans du chantier de l’ouvrage, le fidèle bras droit de Pierre-Paul Riquet, l’entrepreneur en chef.
Les premières années
Ce dernier n’aura pas eu la fierté d’assister à l’aboutissement du rêve de sa vie. Atteint par le paludisme et criblé de dettes, il est décédé sept mois auparavant à Toulouse, le 1er octobre 1680, probablement dans son hôtel de Frescaty (domaine qui se situait principalement sur les terres actuelles du Jardin des Plantes), comme le suppose Mireille Oblin-Brière, ancienne secrétaire générale adjointe chargée de la communication régionale et des Archives historiques aux Voies navigables de France, auteure de la dernière biographie en date sur Riquet, Riquet, le génie des eaux (Privat, 2013).
Malgré d’incessantes recherches, il est difficile de percer le « mystère Riquet ». On ne sait quasiment rien de sa naissance à son adolescence, si ce n’est qu’il évolue dans un milieu bourgeois.
Dans les années 1610-1620, son père Guillaume Riquet, devient tour à tour procureur près du tribunal de la Ville et grand électeur du « Conseil des Trente » (chargé d’assister les consuls de Béziers). Notable influent, il fait entrer son fils au début des années 1630 dans l’administration des gabelles du Languedoc, chargée de collecter l’impôt sur le sel.
Un homme d’affaires affirmé
Il y fera toute sa carrière, grimpant en quelques années les échelons hiérarchiques, de grenetier à receveur avant de devenir fermier. Parallèlement, il affirme un peu plus sa situation en épousant Catherine de Milhau, fille d’un ancien conseiller du roi.
Le couple qui vit à Mirepoix (Ariège) s’installe à Revel en 1648. Tout en gérant ses affaires de gabelle, Riquet se lance dans une activité de négoce, de prêt et d’achat de biens en faisant affaire avec les consuls de Revel qui ont régulièrement besoin de fonds pour éponger les dettes.
Au même moment, il reçoit la charge lucrative de munitionnaire des armées du roi qui bataillent contre les Espagnols dans le Roussillon.
Sa fortune conséquente lui permet d’acquérir le domaine de Bonrepos, près de Verfeil, où il fait ériger un nouveau château. Il présente à Colbert, l’intendant des finances, avec l’appui de Charles-François d’Anglure de Bourlemont, l’archevêque de Toulouse, son projet de creusement d’un canal entre l’Atlantique et la Méditerranée, afin de faciliter le transport des marchandises, sans passer par Gibraltar.
La construction du lac de Saint-Ferréol et de la rigole de la Plaine qui amène l’eau depuis le lac jusqu’au seuil de Naurouze, à la frontière de la Haute-Garonne et de l’Aude, sur la ligne de partage des deux mers, signe le début de l’aventure.
Mathieu Arnal – www.actu.cotetoulouse.fr