Le canal du Midi, petit bijou imaginé et créé par Pierre-Paul Riquet au XVIIe siècle et inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. Les bateaux qui filent paisiblement, les balades à vélo… Cet été j’ai testé une semaine à bord d’une péniche.
Quelques jours avant le départ, la compagnie par laquelle nous passons appelle pour prévenir que la péniche que nous devions utiliser est en panne. Du coup, nous nous retrouverons surclassés gratuitement. Bonne nouvelle.
Arrivée le samedi aux environs de 16 h 30 au port d’Homps. L’accueil est agité, plusieurs groupes prennent possession de leur bateau, premiers arrivés premiers servis. « Je m’occupe de vous dès que je peux », prévient un jeune homme. À 18 h 30, c’est notre tour, 45 minutes pour la paperasse et 10 minutes de démonstration pour le maniement de ce bateau sans permis de près de 15 mètres de long. Le marin d’eau (très) douce que je suis, émet quelques incertitudes pour manœuvrer ce monstre. Le jeune homme nous rassure : « Vous allez voir c’est vraiment facile », soit.
À la manœuvre
À 8 h le lendemain matin, après avoir constaté un manque de drap et le non-fonctionnement de l’un des toilettes, nous retournons à l’accueil de notre compagnie. Personne. Nous appelons un numéro « vert » et une dame nous conseille d’aller voir le technicien de maintenance qui est sur place. Il est occupé, notre demande est prise en compte un peu plus tard. Vers midi, nous décollons enfin. Je me rends vite compte que mes craintes concernant la conduite étaient justifiées. Et là je commence à calculer, plus de 20 kilomètres par jour à 4 kilomètres par heure de moyenne. Je vais passer entre 5 et 6 heures à naviguer, concentré comme jamais avec ce bateau, dont la direction ne semble répondre à aucune de mes demandes. Un autre « grain de sable » vient s’ajouter, le soleil. Le canal est orienté est/ouest, et les centaines de platanes qui le bordaient ont été coupés. La compagnie nous a bien laissé un parasol d’un mètre carré, mais une simple brise le renverse.
Soleil et voie d’eau
Nous accostons, non sans mal, le premier soir vers 18 heures sans avoir fait une seule escale. Le soir nous ne profitons pas de la planxa, prise en option, que nous n’avons pas eue. Mieux, nous attendons qu’un technicien vienne déboucher les toilettes, qu’il nous rassure sur le plancher intérieur qui s’enfonce dangereusement sous nos pas, et qu’il regarde une petite voie d’eau découverte à l’avant du bateau. Rien de grave.
Le lendemain le départ est donné à 8 heures, nous naviguons 5 heures non-stop, sous un soleil de plomb, pour arriver à 13 heures à Colombiers. La péniche est garée, par un employé de l’agence, car nous n’avons pas réussi (notre incompétence est certainement hors norme). Et nous faisons part de notre volonté d’arrêter l’expérience. Nous apprenons alors que si nous rendons les clés avant la fin, le séjour nous sera facturé… 1 000 euros de plus !
L’équipe de Colombiers nettement plus efficace, sympathique et honnête qu’à Homps, admet tout de même que la péniche n’aurait jamais dû sortir du port, vu son état. Le responsable propose alors un autre bateau, une initiation plus pédagogique, et nous permet de faire quelques escales avec moins de navigation pour les 5 jours restants. Nous acceptons, la péniche est sans comparaison avec la première. Le reste du séjour se passe mieux.
Nous finissons le séjour et nous bénéficions d’une remise d’une centaine d’euros. Pas mécontent de retrouver la voiture qui nous ramène chez nous.
Le constat est partagé par tous les survivants de cette aventure, quatre adultes et trois enfants : l’expérience ne sera pas renouvelée. Le canal propose quelques étapes très sympathiques et des ouvrages d’art fabuleux. Encore faut-il, pour en profiter, que les services et le matériel proposés par les exploitants soient adaptés. Et visiblement nous sommes mal tombés
extrait de L INDEPENDANT