Canal du midi. Depuis 2012, les platanes centenaires disparaissent les uns après les autres.
2018 sera-t-elle l’année de la replantation ? C’est ce que souhaitent la plupart des Sallèlois qui, attachés à leur canal et à sa magnifique frondaison, ont hâte de voir sur ses berges s’élever de nouveaux alignements, quelles que soient les espèces annoncées, chênes chevelus comme à Ventenac, frênes ou encore micoucouliers.
Car les platanes, arbres emblématiques du canal sont en passe de disparaître, vaincus par le chancre coloré, ce champignon microscopique qui continue son œuvre de destruction, de la passerelle à l’écluse du Gailhousty, créant un vide immense dans la voûte végétale après le passage des sociétés d’abattage. Le platane est devenu dominant vers 1860 quand l’esthétique s’est substituée à l’utilitaire, remplaçant notamment les peupliers d’Italie dont le bois était apprécié. Ses qualités étaient nombreuses : abondant localement, économique parce que n’exigeant pas ou peu d’entretien, un système racinaire très développé assurant une excellente tenue des berges, et surtout un feuillage imposant qui rend si agréable la navigation, lors des fortes chaleurs, et limite l’évaporation. Sur ce ruban d’eau de presque cinq kilomètres, les arbres en sont une « merveille » comme l’écrit, en 1902, Igor Tymaïev, un négociant russe qui, depuis Bordeaux, voyagea avec les mariniers sur le canal du Midi : « L’allée bordée de pins parasols évoque le grandiose chemin ouvert par la barque funéraire d’un pharaon. Mais là où on attendait une pyramide, on plonge sous la voûte obscure d’une double rangée de platanes… ».
extrait de L INDEPENDANT du 29.12.2017