ENVIRONNEMENT – Des arbres infectés par le chancre coloré ont été identifiés au mois d’octobre en Haute-Garonne. Alors qu’à partir de lundi, 44 arbres doivent être abattus dans trois communes aux portes de Toulouse, élus locaux et acteurs du tourisme fluvial redoutent les conséquences économiques de l’épidémie.
Près de 10 000 arbres ont déjà été abattus depuis le début de l’épidémie en 2011, principalement dans l’Aude.
Près de 10 000 arbres ont déjà été abattus depuis le début de l’épidémie en 2011, principalement dans l’Aude. Photo : Illustration Pascal Guyot/AFP
Il avait été détecté au mois d’octobre dernier à Toulouse. Le chancre coloré, qui s’attaque aux platanes du canal du Midi, a fait ses premières victimes aux portes de Toulouse. Neuf arbres infectés ont été repérés en Haute-Garonne, à Castanet-Tolosan, Montesquieu-Lauragais et Gardouch et devraient être abattus à partir de lundi prochain. Cette contamination impose également l’abattage de 35 autres arbres à titre préventif. Des coupes qui s’effectueront progressivement jusqu’à la mi-avril.
L’attractivité touristique en jeu
A Castanet, première commune urbaine à être touchée par l’épidémie, dix arbres sont concernés par les coupes. Son maire, Arnaud Lafon (Modem), estime que l’Etat, propriétaire des berges, « a pris cette décision sans concertation ». Il appelle à des coupes plus sélectives et propose de voir sa commune devenir un site expérimental pour les vaccins ou traitement contre le chancre. L’Institut national de la recherche agronomique, qui travaille actuellement sur un traitement expérimental, est en effet implanté sur la commune. Il suggère également « de renforcer et imperméabiliser les berges » pour lutter contre la prolifération du chancre par les bateaux et péniches.
Selon l’édile, l’attractivité touristique et économique des communes de la métropole est en jeu. « A Castanet, les arbres seront abattus entre le Mas des Canelles, un lieu prisé du tourisme d’affaires, et le restaurant l’écluse de Castanet » poursuit l’élu. Cette ancienne maison éclusière accueille environ 150 personnes par jour en été. Des Toulousains mais aussi des touristes en balade sur les rives du canal.
Des solutions pour rebondir
Pour Pierre Cardinale, porte-parole du club économique Toulouse Ô fil de l’eau, c’est l’ensemble de l’économie fluviale qui pourrait être impactée. Trois cents personnes travaillent dans le domaine fluvial, rappelle-t-il, « sans compter les hôtels, les restaurants, les commerces qui ont un lien avec le canal du Midi. » C’est pourquoi, les services de la ville, des élus, Voie navigable de France et les acteurs du réseau fluvial ont réfléchi à des solutions pour préserver l’attractivité. Parmi les pistes envisagées, dynamiser le tourisme fluvial sans passage d’écluse, celles-ci étant absentes entre Bayard et la commune. « Nous pourrions créer un rond-point sur l’eau à hauteur de l’écluse de Castanet avec des embarcations légères dédiées au tourisme », détaille Pierre Cardinale.
Toulouse Ô fil de l’eau s’apprête par ailleurs à présenter le 6 mars prochain des marchés au fil de l’eau, promouvant les produits régionaux, le long des chemins du canal du midi, autour des écluses, des ports, de Toulouse à Sète. « Il faut s’adapter, sinon on va mourir », lance Pierre Cardinale.
Delphine Tayac
www.metronews.fr