Un courrier adressé au ministère pour rappeler l’urgence, avec des milliers d’arbres abattus. ((NATHALIE AMEN-VALS)
Toujours pas d’autorisation pour l’essai de la solution alternative à l’abattage des platanes le long du Canal du Midi.
Alors que le Club des entreprises mécènes consacré à la sauvegarde du canal du Midi vient tout juste d’être porté sur les fonds baptismaux, les Voies navigables de France (VNF) et les mairies de Castelnaudary et Sallèles-d’Aude font tout leur possible pour qu’une solution alternative à l’abattage des platanes devienne réalité.
« L’urgence de ce dossier très sensible »
C’est tout le sens du nouveau courrier adressé lundi par les trois acteurs à la direction générale de l’alimentation du ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt. Une lettre cosignée par Marc Papinutti, directeur général de VNF, Yves Bastié et Patrick Maugard, maires de Sallèles et Castelnaudary, dans laquelle les trois hommes sollicitent le directeur général pour qu’il signale à ses services « l’urgence de ce dossier très sensible ».
Le CETEV et Ecocert : deux sociétés aux protocoles scientifiques validés
Et qu’il réponde enfin « favorablement aux propositions de protocole d’expérimentation ainsi qu’aux demandes de suivi ». Une insistance signifiée en rappelant les « milliers d’arbres abattus chaque année ». Car depuis juillet et octobre, les services de l’Etat ont en main les dossiers des expérimentations phytosanitaires portées par deux sociétés pour lutter contre l’épidémie de chancre coloré par un autre moyen que l’abattage, en tentant le pari du traitement préventif : « Mais nous attendons toujours une réponse », soulignent les cosignataires.
« On avait mis un an et demi pour que VNF nous rejoigne sur cette idée »
Avec le centre d’expertises en techniques environnementales et végétales (CETEV), basé au Faget, près de Toulouse, et la société Ecocert, installée à L’Isle-Jourdain, dans le Gers, VNF dispose de deux entreprises aux solides références. Deux acteurs qui mériteraient donc cette autorisation de l’Etat. Jacques Noisette, responsable de la communication, souligne en effet qu’une fois cette étape franchie, « nous réserverions une vingtaine d’arbres à Sallèles-d’Aude et à Castelnaudary pour tenter ces expérimentations lors de la prochaine campagne d’abattage, programmée pour le premier trimestre 2014. Cette solution pose des questions d’aspect scientifique, technique et financier. Mais si une autre solution que l’abattage existait, bien sûr qu’on y serait favorable. Encore plus si elle permettait une économie », en référence aux 200 M€ nécessaires pour la campagne de sauvegarde, entre arrachages et replantations.
Un “bon ministère”, qui avance à son rythme
Un constat que ne peut que partager Yves Bastié, étonné du peu d’entrain de l’Etat à satisfaire à la requête : « Je trouve ça un peu bizarre. On continue à parler de l’abattage, et cette potentielle solution n’avance pas. J’ai la hantise qu’on arrive au printemps prochain avec des milliers d’arbres encore condamnés. C’est un “bon ministère”, qui avance à son rythme. J’ai l’impression d’être Don Quichotte. On avait mis un an et demi pour que VNF nous rejoigne sur cette idée, et on pensait que ce serait le plus difficile : visiblement, ce n’est pas le cas. »
MIDI LIBRE 09/12/2013 Antoine CARRIE