700 sujets plantés en 2015-2016 et 2016-2017, infestés par un insecte, ont été abattus en Minervois.
L’histoire, si elle ne concernait pas un ouvrage primordial sur le plan patrimonial et économique, mais aussi un dossier à plus de 200 M€, pourrait prêter à sourire tant elle paraît ubuesque.
Début 2017, les services des Voies navigables de France (VNF) ont multiplié les interventions le long du canal du Midi : au menu, comme chaque année, abattages, replantations et entretien des berges. Et parmi les chantiers, un arrachage massif qui ne concernait cette fois pas des platanes mais bien des peupliers blancs, le long des biefs d’Homps et Jouarres, sur les communes d’Azille, Homps, La Redorte et Puichéric.
699 peupliers blancs, pour être précis. Ces mêmes peupliers plantés lors des hivers 2015-2016 et 2016-2017 pour pallier la destruction de platanes centenaires rongés par l’épidémie du chancre coloré, et condamnés comme 19 000 autres sujets en une petite dizaine d’années.
La larve creuse une galerie dans le tronc
Pas question de chancre, ici. Si les si jeunes sujets ont été sacrifiés, c’est qu’ils étaient victimes des attaques d’un insecte ravageur, la petite sésie. C’est justement aux jeunes sujets de 1 à 3 ans que l’insecte s’attache, avec une ponte à l’été dans les anfractuosités de l’écorce. Une première étape fatale, puisque dès son éclosion, la larve va alors traverser l’écorce et creuser une galerie dans le bois.
De quoi nuire au développement de l’arbre et mener à ces pathologies qui ont conduit VNF et le Département à décider qu’une « mesure de protection sanitaire » s’imposait : « On avait constaté qu’après la première année de plantation, des pathologies étaient apparues, résume Jean-Luc Souldadié, chef du bureau opérationnel projet plantations de VNF. La décision a finalement été prise à l’automne dernier de tout arracher et de tout replanter, même si les taux d’infection des peupliers variaient de 50 à 80 % selon les sites. »
Considérant que prudence est mère de sûreté, VNF a donc réparé les dommages causés, avec le remplacement des plants touchés, en espérant évidemment éviter que les insectes ne prennent encore plus leurs aises le long du canal du Midi. Un vœu qui reste encore à confirmer (lire ci-dessous). En début d’année, 48 sujets à Puichéric, 314 à La Redorte, 259 sur la commune d’Azille, et enfin 78 à Homps ont ainsi été abattus.
« La pépinière du Département est en filière bio, donc sans traitements »
Avec une certitude sur l’origine de ces indésirables hôtes. C’est bien des pépinières départementales, fournies gracieusement à VNF sur la base d’une convention, que provenaient certains plants infectés mis en terre le long du canal du Midi. « La pépinière du conseil départemental est en filière bio, donc sans traitements, précise le responsable de VNF. Malheureusement, les larves étaient présentes en pépinière. » Et ont donc poursuivi leur vie et leurs dégâts une fois arrivées sur le canal. Causant une dépense supplémentaire de près de 230 000 € et la perte de deux ans dans la longue entreprise de restauration de la voûte végétale du canal du Midi.
Mais aussi un légitime doute sur le choix des peupliers pour figurer au rang des essences destinées à repeupler l’ouvrage.
par Antoine Carrie Le 11 octobre www.lindependant.f