Jean Périssé a présenté son film devant une salle comble./Photo DDM, Emmanuel Vaksmann
je pensais tout savoir sur Riquet, mais ce soir j’ai beaucoup appris», se réjouissait un spectateur, tard samedi soir dans la salle du cinéma Le Méliès, où 200 personnes avaient pris d’assaut sièges et strapontins pour assister à l’avant-première du film documentaire de Jean Périssé : «La Fabuleuse Histoire de Monsieur Riquet». Cette affluence témoigne de l’intérêt que porte la population à celui qui a conçu le Canal du Midi.
«Ce film représente trois ans de travail, depuis ma rencontre avec Jacques de Grenier, président de l’association Un Film sur Riquet», a relaté Jean Périssé.
Pendant une heure et demie, le documentaire retrace le parcours qui a permis à celui qu’on appelait alors «le Moïse du Languedoc» d’entreprendre son pharaonique projet de canal atlantico-méditerranéen.
Au travers des lectures des courriers que Riquet et Colbert, interprétés respectivement par Bernard Le Coq et François-Henri Soulié, se sont échangés au XVIIe siècle, le document est construit comme un film à suspense rythmé par moult rebondissements, trahisons et pressions financières.
À l’issue de la projection, en présence de la romancière Michèle Teysseyre, coauteur du film, et de nombreux experts, Jean Périssé a participé au débat organisé avec le public. Le film sort en salle ce mercredi, dans le réseau des cinémas Utopia entre autres.
Bernard Le Coq : «Bientôt un film en costume»
En début de soirée, Patrick Jannitte, responsable du cinéma, et Joël Attard, en charge des animations, ont mis en place une liaison téléphonique avec Bernard Le Coq.
Le comédien a souligné son intérêt pour le prochain projet du réalisateur. «J’espère que dans quelque temps, nous arriverons à faire un film en costume
[sur Riquet] », a lancé Bernard Le Coq. «C’est un film de fiction qui nous permettra de redécouvrir le XVIIe siècle au travers de cet homme fabuleux», a pour sa part assuré Jean Périssé.
Jean Périssé à L’Union : «Riquet était un homme très moderne»
À L’Union, rencontre avec Jean Périssé, le réalisateur de «La Fabuleuse Histoire de Monsieru Riquet» qui a présenté son film au Lumière, à Castelmaurou (lire ci-dessus) et à Saint-Geniès-Bellevue.
Comment vous est venue l’idée de ce film ?
Il y a 3 ans, j’ai commencé à écrire une fiction sur le maître d’œuvre du canal du Midi. J’ai rencontré des historiens, des descendants, fouillé des archives, dont celles des Voies navigables à Toulouse. Surprise ! J’ai trouvé là une masse de données, un personnage complexe, des contradictions avec une histoire officielle, de quoi monter un documentaire avant le long-métrage de fiction.
Le film doit aussi beaucoup au narrateur, le comédien Bernard Le Coq.
C’est vrai qu’il a ce regard joyeux, cette pointe de malice enjouée que je souhaitais pour le personnage.
Quel homme était Monsieur Riquet ?
Un «bourgeois gentilhomme», très ancré dans le grand siècle de Louis XIV, mais élevé dans la pratique de la casuistique des jésuites… Il a pu ainsi convaincre le roi et Colbert de l’appuyer dans ce projet fou : le plus important à l’époque après Versailles ! Connaissant très bien la région, de Toulouse à la mer en passant par la Montagne Noire, il a su s’entourer d’ingénieurs de talent. Pensez qu’il s’y est lancé à l’âge où maintenant on prendrait sa retraite ! D’ailleurs il est mort peu avant que le canal ne soit ouvert à la navigation.
Un personnage hors du commun, donc ?
En fait plutôt un homme bon vivant, qui ne détestait pas la gente féminine, comme le montrent ses nombreuses lettres. Mais aussi pragmatique, sachant convaincre dans des conditions difficiles… En fait très moderne d’une certaine façon, un homme à découvrir !
Propos recueillis par Gérard Etrivert
LA DEPECHE DU MIDI du 04/02/2014