Une des particularités de Béziers
la fière est qu’elle est
restée concentrée dans ses
remparts médiévaux jusqu’en
1821. C’est en effet à cette date, que
le roi Charles X décide que la ville
n’est plus une place de guerre. Les
remparts peuvent alors être définitivement
détruits.
Cette ordonnance royale est une
chance pour Béziers. La cité va enfin
pouvoir s’étendre à l’est, même si elle
va provoquer de nombreux procès
entre l’État, la Ville et les habitants
pour définir qui est le véritable propriétaire
des pierres et des emplacements.
Jusqu’à cette date, les Biterrois
vivaient dans une acropole étroite,
que le fleuve Orb, et le relief, protégeaient
des menaces de l’ouest.
Les premiers à s’être installés sur le site,
et à avoir construit des défenses,
sont les Volces, vers 200 avant J.-C. Si
les Grecs n’ont pas édifié de fortifications,
les Romains vont, eux, reprendre
celles des Gaulois et les conforter au
Ier siècle de notre ère, à l’époque
d’Auguste.
Ils construisent une mansio, une ville
étape, sur la voie Domitienne qui
va de Rome à Tarragone. Les promeneurs
peuvent encore la suivre,
aujourd’hui, au départ de la statue
de Pierre-Paul Riquet, sur les Allées
éponymes. Il suffit de traverser la
place Jean-Jaurès vers l’ouest, puis
de descendre les rues D’Estienne-
d’Orves, du Puits-des-Arènes et
Canterelles, avant de traverser le
Pont-Vieux sur l’Orb. Et pourquoi
pas de rejoindre les Neuf-Écluses de
Fonseranes, pour admirer la vue sur
la cathédrale Saint-Nazaire, juchée
sur son piton au-dessus des vestiges de
l’ancienne muraille. La municipalité l’a
fait dégager il y a un peu plus d’un an et
cela vaut le coup d’oeil.
Ce cheminement longe, d’ailleurs, une
partie des anciens remparts médiévaux.
Ceux qui englobaient les bourgs
appartenant à la vicomté des Trencavel,
reconstruits après leur destruction
par Charles Martel, et avant l’extension
de 1188. Cette dernière intègre le quartier
de l’église Saint-Aphrodise, berceau
de l’évangélisation de Béziers, puis un
peu plus tard ceux de Saint-Jacques et
Saint-Nazaire.
Détruites sur ordre de Charles de Bourbon,
pour punir Béziers de son ralliement
au duc de Bourgogne en 1422, les
fortifications sont reconstruites trois
ans plus tard. Dès lors, seul le temps et
les pillages vont les altérer.
EMMANUELLE BOILLOT
eboillot@midilibre
Extrait du MIDI LIBRE du 07.07.2015