Le chef de l’État a fait étape, hier, dans l’Aude. Il a d’abord visité une exposition consacrée à l’ouvrage de Pierre-Paul Riquet dont la construction a débuté il y a 350 ans. Il a ensuite été reçu à l’hôtel de ville de Castelnaudary.
Les 40 ans de l’installation de la Légion étrangère, le rassemblement des deux ligues régionales d’athlétisme, le championnat de l’Aude de tir, la Sainte Barbe… «ll ne nous manque plus qu’un Président de la République », s’était amusé Patrick Maugard, le maire de Castelnaudary, il y a quinze jours, en regardant l’agenda de ce samedi 19 novembre.
Quelle ne fut pas sa surprise lorsque Jean-Marc Sabathé, préfet de l’Aude, lui a demandé au téléphone « s’il était prêt ? ». Prêt à recevoir un Président de la République, bien sûr…
Quelques minutes avant l’arrivée du cortège présidentiel, le maire de la capitale mondiale du cassoulet savourait cet instant : « C’est à Castelnaudary qu’il revient d’honorer l’histoire du canal. » Car voilà 350 ans, Louis XIV ordonnait par édit à Pierre-Paul Riquet la construction de l’ouvrage permettant de relier les deux mers.
« De nouveaux défis »
Le fameux document royal a exceptionnellement été sorti d’un coffre-fort des archives de Voies navigables de France, pour être présenté, hier après-midi, au Président de la République, près du grand bassin de Castelnaudary où une exposition retraçait cette grande aventure humaine.
« Je voulais rappeler ici la portée historique d’une telle décision », a lancé François Hollande en admirant l’édit royal qui allait assurer l’expansion économique de Castelnaudary et tous les gros bourgs traversés par la voie d’eau. En prenant l’exemple du génie de la construction de cet ouvrage, le Président de la République a voulu « saluer ce que la France est capable de faire », rappelant que « de nouveaux défis » attendent cette infrastructure, notamment pour la valoriser. Le chef de l’État faisait ainsi référence à la procédure lancée pour l’inscription des abords du Canal du Midi, afin de préserver son classement au patrimoine mondial de l’Unesco.
Après vingt minutes consacrées à l’œuvre de Riquet, le cortège présidentiel a gagné la mairie de Castelnaudary, dont les abords avaient pris des allures de Champs-Élysées. Une foule de plusieurs centaines de personnes amassées derrières des barrières. Des drapeaux tricolores. Et les sapeurs de la Légion, ceux qui sont en vedette pour les 14-Juillet parisiens, au garde-à-vous devant l’entrée de l’hôtel de Ville.
La Légion, les agriculteurs…
Pendant près d’une heure, François Hollande s’est entretenu avec les représentants de la Légion étrangère, dont son commandant le général Jean Maurin ; puis avec la délégation des syndicats agricoles FDSEA et JA, de l’Aude et de la Haute-Garonne (lire ci-dessous). Les échanges ont duré plus que prévu. Ce n’est que vers 16 h 45 que le chef de l’État est ressorti de la mairie alors que, selon le programme officiel, il aurait dû se trouver déjà à Labège.
Pour son départ, les sifflets qui avaient accompagné les applaudissements à son arrivée se sont tus. François Hollande n’a pu s’empêcher d’aller serrer de nombreuses mains. Puis il a regagné sa voiture. L’escorte est repartie.
A Castelnaudary, c’était une soirée de fête qui se préparait pour clore cette journée historique.
Le Président de la République accueilli avec des tracteurs…
Des barrages avaient été installés sur les ronds-points. (La Dépêche / Didier Donnat)
C’est une délégation d’agriculteurs (FDSEA et Jeunes Agriculteurs) satisfaite qui est sortie de son entretien avec le Président de la République. Les thèmes de la zone vulnérable, des aides de la PAC 2015 non versées, des retraites agricoles, du loup, de la sécheresse et du stockage de l’eau furent abordés. Une rencontre où Serge Vialette, président de la FDSEA de l’Aude, a apprécié le temps et l’écoute : « Nous avons pu nous entretenir sur les six dossiers que nous souhaitions aborder, sans pression de temps ». Arnaud Aribaud, président des JA, était aussi satisfait mais reste attentif aux promesses, notamment sur les dégrèvements de la taxe foncière sur le non bâti, mesure liée à la sécheresse.
François Hollande qui aurait également certifié que la carte des zones défavorisées n’allait pas être présentée telle quelle, mais que la profession agricole participerait à son élaboration. Un entretien facilité par la mobilisation, puisque 150 tracteurs ont procédé à des barrages filtrant sur les ronds-points de la ville. La suite est prévue pour le 23 novembre, où une délégation sera reçue au ministère de l’Agriculture.
L. F. (La Dépêche)