Ce vendredi 14 avril, scaphandriers, grue et remorque devraient envahir l’écluse de Gardouch, à la pêche à la péniche ! Et ce n’est pas un phénomène isolé…
Un avis à la batellerie vient d’être émis : le bateau coulé sur la rive gauche, en amont de l’écluse de Gardouch devrait être enlevé ce vendredi 14 avril. L’opération en présence de plongeurs est prévue de 8 h à 17 h.
Pas moins de trois scaphandriers de l’entreprise toulousaine CDtsm, spécialisée dans la maîtrise d’œuvre en milieux immergés, pollués et confinés, ont été dépêchés pour évacuer un voilier, envasé à l’entrée de l’écluse de Gardouch.
Le voilier, estimé à huit mètres de long et à plus de dix tonnes (à sec bien sûr) est donc, coincé au fond du canal du Midi depuis au moins un an et demi. Ils devraient le sortir ce vendredi 14 avril.
Nous sommes obligés d’attendre le retour d’assurance avant d’opérer », explique Cédric Durigon, scaphandrier de CDtsm et mandaté pour assurer cette extraction à Gardouch.
Un problème environnemental
Si l’opération semble spectaculaire et délicate (il ne faut pas éclater le bateau), elle soulève une autre problématique non négligeable : la pollution et le coût financier.
En effet, il faut savoir que pour ce genre d’action, il y a des règles à respecter. D’abord, il faut retrouver le propriétaire, qui est censé payer l’opération de sa poche ou via son assurance.
Ici, visiblement, c’est le propriétaire qui gère, donc nous suivons l’opération sans vraiment s’impliquer » explique VNF (Voies navigables de France).
Et dans le cas où le propriétaire ne peut pas s’en occuper, c’est l’État qui reprend le dossier. « Ça coûte beaucoup d’argent et c’est l’État qui paye, donc le contribuable, expose VNF, mais nous ne pouvons pas laisser les bateaux au fond de l’eau. Pour nous, la sécurité et l’environnement passent avant tout ! »
Au moins six bateaux répertoriés coulés
Si l’on ne compte pas le voilier de Gardouch, six bateaux ont été répertoriés coulés au fond de l’ouvrage de Riquet. Et sur ces 241 km, pas moins de 180 embarcations ont été classées comme abandonnées. « Ce sont essentiellement des propriétaires peu scrupuleux qui abandonnent leurs bateaux et l’État doit s’occuper de les déchirer. » Les « déchirer », c’est le terme technique qui englobe la destruction et la dépollution.
Une fois coulée, l’embarcation a perdu son huile, son essence… Mais en plus, une fois remontée, pompée, et vidée, elle doit être démantelée et dépolluée pour être, éventuellement, recyclée.
Opération Rackham le Rouge enclenchée !
Que va-t-il donc se passer dans les prochains jours à Gardouch ? Non, ce ne sera pas un remake des aventures de Tintin, mais pas si loin que ça…
Tout d’abord, un avis de la batellerie demande l’arrêt de la navigation pour toute la durée de l’opération, soit environ une journée. Ensuite, les plongeurs sous-marins (qui devraient être au nombre de deux dans ce cas précis) habillés de scaphandre à casque et alimentés en gaz respirable par la surface, vont descendre au fond du canal du Midi dont la profondeur est estimée à 2 mètres.
De là, l’aspect technique et minutieux prend le relais. Une fois les sangles placées, une grue, à quai, remonte délicatement l’épave à la surface. Peu à peu, l’eau engouffrée dans la coque est pompée.
La difficulté est de ne pas l’éclater », souligne Cédric Durigon, scaphandrier.
Le bateau étant posé dans la vase depuis plusieurs mois et peut-être même depuis plusieurs années, il est aujourd’hui pourri et fragilisé. Une fois totalement vidé et remonté, il part (en entier ou en morceau selon la réussite de l’opération), dans une « casse » où les morceaux seront en partie recyclés.
Une opération assez spectaculaire donc, à suivre dans les prochains jours au niveau de l’écluse de Gardouch !
11/04/2017 à 09:38 par marine.pons www.voixdumidilauragais.fr
Bateau épave
Le club éco Toulouse au Fil de l’O, présidé par Valerie Piganiol, livre son point de vue dans un communiqué que nous publions dans son intégralité.
« Le canal du Midi et des Deux mers ne doivent pas être une poubelle à épaves… Combien de dizaines de bateaux, le chiffre de plusieurs centaines circulent, qui n’ont pas de Titre de Navigation ? (L’équivalent de la carte grise). La précarité existe aussi au fil de l’eau… Sortir des eaux du canal du Midi ce bateau épave de dix tonnes à un coût d’environ 7 000 € minimum avec bien sûr le retraitement par une entreprise environnementale spécialisée. Les établissements spécialisés attendent pour intervenir, depuis plus d’une année ! Nous demandons au comité de Bien public canal du Midi créé par l’État et le conseil Régional qui ont, paraît-il, un budget de 200 millions d’euros sur cinq ans de créer un Fonds pour aider ces bateaux… Comme cela avait été le cas dans le cadre de la charte interrégionale canal des Deux mers élaborée par Martin Malvy. Aujourd’hui à Gardouch, dans le Lauragais, nous avons une pollution gasoil, huiles usagées, batteries, avec le risque d’un « déchirage » de la coque. Et toujours pas de financement pour le canal du Midi ! Trop facile de dire que c’est la faute à VNF ! Qui est une agence de l’État présidée par un député, qui perd chaque année des postes d’agents d’exploitation, moins de 104 sur le linéaire des Canaux du Midi. Si une épave de voiture était devant une mairie ou une permanence parlementaire, cette épave resterait-elle ? L’avenir du canal du Midi et du canal des Deux mers à l’Unesco est une priorité ! »