À l’échéance d’une vingtaine d’années, les 42 000 platanes qui bordent les 241 km de berges du canal du Midi entre Sète et Toulouse devraient être abattus et remplacés par des espèces résistantes au chancre coloré, ce parasite qui inexorablement ronge les arbres. La présence du chancre coloré du platane en Haute-Garonne a été officiellement reconnue au mois d’octobre dernier. Des foyers auraient été détectés à Montesquieu-Lauragais (deux arbres atteints) et à Gardouch (cinq platanes). Le champignon se rapproche même de l’agglomération toulousaine avec trois arbres suspects à Castanet. Une fois le platane touché, il y a trois façons de contenir l’épidémie : la dévitalisation, l’abattage simple, ou l’abattage préventif, y compris des arbres voisins. Ces plans d’abattage ne font pas l’unanimité dans la population et les élus s’inquiètent, tant les platanes font partie intégrante du classement au patrimoine mondial du Canal du Midi. Mais les scientifiques toulousains auront peut-être une réponse. Gilles Truan, chercheur rattaché au CNRS, a encadré les travaux de onze jeunes chercheurs qui viennent d’être récompensés lors du concours IGM 2014 organisé par l’institut de technologie du Massachusset à Boston pour «Subti Tree» la cellule qu’ils ont modifiée pour transporter du fongicide au cœur des platanes malades du chancre coloré. Le projet des étudiants en master à Paul Sabatier et en 4e année d’étude d’ingénieurs à l’Insa, consiste à développer un protocole de lutte biologique contre le chancre coloré du platane. Pour ce faire, ils sont partis de Bacilus subtilis, une molécule naturellement présente dans les platanes à laquelle ils ont ajouté trois fonctions biologiques, qui en font un véhicule capable de se déplacer jusqu’aux parties malades situées à l’intérieur de l’arbre, de se fixer sur les cellules du chancre coloré, et de produire une trithérapie antifongique capable de les détruire. «Il est quasiment impossible de détruire toutes les cellules de chancre coloré lorsqu’elles ont infesté tout un arbre, explique Gilles Truan, car celles-ci détruisent le système vasculaire du végétal et donc le chemin pour les atteindre. Actuellement les platanes sont abattus 50 mètres en amont et en aval des individus malades. En traitant préventivement ces arbres abattus par mesure de prophylaxie on pourrait peut-être éviter de les détruire par mesure de précaution». Mais il faudra attendre. Un étudiant va consacrer sa thèse à la poursuite de ces travaux. Dans l’idéal, un traitement pourrait être complètement opérationnel à la fin de sa thèse fin 2017 début 2018…