Le sort des platanes du canal du Midi est de toute façon scellé : ils seront abattus et remplacés par de nouvelles essences. Le paysage s’en trouve totalement transformé.
Tapis dans le bois des caisses de munitions américaines lors du débarquement en Normandie, en 1944, le Ceratocystis platani aura mis une soixantaine d’années pour frapper au cœur les milliers de platanes du canal du Midi. Ce champignon, qui est l’agent responsable de la maladie du chancre coloré, est une plaie pour les scientifiques, qui n’ont pas encore trouvé la solution miracle pour stopper la prolifération de cette maladie.
Le sort des platanes est de toute façon scellé
Advertisement
En ce qui concerne le canal du Midi, le sort des platanes est de toute façon scellé : ils seront abattus et remplacés par de nouvelles essences. « Mais cela va prendre entre six et sept ans, explique Patrick Butte, directeur territorial des Voies navigables de France, le temps que nous procédions à tous les tests nécessaires concernant le choix des essences à replanter. »
Quatorze nouveaux chantiers d’abattage
Signe d’accélération du phénomène, au début du printemps dernier, les services des Voies navigables de France ont constaté qu’un grand nombre d’arbres contaminés avait séché plus rapidement que les années précédentes. Ainsi fragilisées, les branches pouvaient présenter un risque pour les navigants et les usagers terrestres de la voie d’eau que sont les promeneurs et les cyclistes. De fait, VNF a dégagé des moyens supplémentaires et engagé un programme de quatorze nouveaux chantiers d’abattage.
Grue scieuse
Un dispositif préventif a été soigneusement organisé, de manière à ne pas interrompre la navigation en pleine période estivale. Au final, 455 arbres ont été abattus dans l’Hérault, dont plusieurs dizaines entre l’écluse ronde d’Agde et la réserve du Bagnas. Un abattage soumis à des règles techniques strictes, afin d’éviter la propagation de la maladie. Chaque arbre est en effet découpé grâce à une grue scieuse. Les troncs et les branchages sont acheminés dans des caissons confinés, directement jusqu’aux zones de brûlage. Et lorsque l’on interroge les techniciens sur la possibilité d’utiliser les platanes coupés comme bois de chauffage, la réponse est claire. « Ça n’est pas possible, au nom du principe de précaution. On ne sait pas ce que le champignon, en brûlant, pourrait dégager au niveau des émanations. »
Il n’en reste pas moins qu’au niveau du pont qui précède l’aire d’accueil des gens du voyage et l’ancien incinérateur, le paysage est complètement bouleversé. L’ombre rassurante des platanes centenaires a laissé place à une immense plaie qui a néanmoins le mérite d’ouvrir une jolie perspective sur le mont Saint-Loup. Une maigre consolation !
MIDI LIBRE 20/11/2013 Olivier RAYNAUD