La barque de poste, le bateau du canal du Midi – L'Officiel du Canal du Midi

La barque de poste, le bateau du canal du Midi

Le service de transport à passagers sur le canal du Midi, mis en place à partir de 1673 près de Toulouse, est définitivement supplanté par le chemin de fer en 1858. Son histoire.
Pendant près de deux siècles, la barque de poste est indissociable de l’activité du canal du Midi. Ce service de transport à passagers, qui sert aussi de transport pour le courrier, est une alternative durable et sécurisée aux chemins caillouteux et souvent mal fréquentés d’un Languedoc enclavé.
Sur une idée du concepteur du Canal du Midi

Après six ans de travaux, alors que les premiers tronçons du canal sont à ses extrémités en voie d’achèvement (entre la mise en eau du canal entre Toulouse et le seuil de Naurouze et les excavations de l’étang de Thau à Béziers), Pierre-Paul Riquet, son concepteur, pense déjà aux premières barques de poste.

> LIRE AUSSI : Pierre-Paul Riquet, retour sur la vie du bâtisseur du canal du Midi

Le 27 mars 1673, il commande à l’ingénieur Pierre Roux et à ses hommes, les premières unités qui sont fabriquées à Gardouch, au sud-est de Toulouse et à Laval, près de Quillan (Aude), comme l’explique en détail Jean-Michel Sicard, un professeur d’anglais à la retraite, qui a consacré un ouvrage éponyme sur le sujet (Empreinte éditions).
Une course de relais

Sur les 240 kilomètres du canal parcourus sur quatre jours, ces embarcations nécessitent une flotte qui avoisine les 40 bateaux. La traction exige l’implantation de nombreux relais fournissant deux chevaux menés par un jeune postillon ou cocher. Jusqu’au début du XIXe siècle, on se refuse alors de faire passer aux voitures le franchissement des doubles et triples écluses et l’on change régulièrement de barque.

Les descendants de Riquet, qui gèrent l’ouvrage, font construire tout au long du canal, des auberges, des chapelles et des écuries. Le convoi, qui oscille entre 20 et 50 voyageurs, s’arrête lors des « dînées » (pour le repas de midi) et lors des « couchées » (pour le repas du soir et le coucher) à Castelnaudary, Trèbes, le Sommail et Agde, est hétéroclite.

Les propriétaires riverains côtoient aussi bien des artisans, des commerçants, des magistrats que des militaires et des marins.
Emporté par le chemin de fer

À partir de 1834, tout concourt à une réduction du temps. La navigation se fait de jour comme de nuit et les manœuvres d’éclusage s’accélèrent.

Les derniers modèles à quille, plus légers et plus maniables, avec quatre chevaux montés, peuvent atteindre une vitesse comprise entre 11 et 13 km/h et accueillir jusqu’à 135 passagers. À l’intérieur, le confort passe par une redéfinition complète de l’espace, avec des sièges avec accoudoirs et une soute à bagages. Et il est loisible de se promener sur le pont-promenade pour admirer les grands ouvrages d’art de la voie d’eau.

Mais tout bascule au cours des années 1850, avec l’arrivée du chemin de fer. Après plusieurs tentatives, les frères Emile et Isaac Pereire, qui ont fait fortune dans la banque et l’immobilier, rassemblent les capitaux nécessaires afin d’ériger une ligne parallèle au canal. En avril 1857, l’ouverture de la liaison ferroviaire Toulouse-Cette (qui ne s’orthographie Sète qu’en 1928) porte le coup de grâce à la barque et à son système obsolète, condamnant un an plus tard ce service à son arrêt définitif.

Mathieu Arnal
www.actu.cotetoulouse.fr