Le service des Voies navigable de France (VNF) a annoncé hier au cours d’une conférence de presse l’observation d’un moratoire sur l’arrachage d’une partie des platanes du canal du Midi. Cette décision temporaire a été prise après que de nombreux maires des départements de l’Aude et de l’Herault se sont émus, depuis janvier 2014, de l’arrachage systématique des arbres plantés dans la zone dites «de prophylaxie» située 50 m en amont et 50 m en aval des platanes atteints par le chancre coloré. Pour ces élus locaux, la disparition des platanes potentiellement malades, mais pour lesquels la maladie n’est pas encore visible, constitue un frein à la fréquentation touristique des berges du cours d’eau. Leurs doléances, formulées lors de la campagne des municipales ont d’ores et déjà été suivies d’effet par le service des voies navigables de France. Au cours de la saison d’abattage hivernal qui vient de se terminer, seuls 1 200 des 1 700 arbres promis à la tronçonneuse ont finalement été coupés. Mais ce moratoire adopté pour calmer la fronde des élus locaux n’est au fond qu’une mesure de cosmétique environnemental. «Les arbres laissés de côté cette année ont de fortes chances d’être abattus d’ici un, deux ou trois ans», prévient Patrick But, directeur territorial des VNF à Toulouse. Pour VNF, ce moratoire sur les abattages préventifs s’inscrit dans une «année de transition» entre les abattages systématiques promus depuis 2011 par le comité scientifique des Voies navigables pour tenter d’enrayer l’épidémie, et la volonté d’apaiser les craintes des maires. Ce comité se réunira dans quelques jours pour donner un avis sur la pertinence scientifique de la pose des abattages préventifs souhaitée par les élus. Son avis sera ensuite transmis au préfet de région Midi-Pyrénées qui fixera les nouvelles dispositions. Dans tous les cas la prochaine campagne d’abattage qui débutera fin août se déroulera comme prévu, préviennent les responsables des VNF, «mais nous devons clarifier la situation avant le prochain abattage d’hiver.» L’approche politique des élus sera-t-elle compatible avec les impératifs de lutte contre l’épidémie de chancre coloré définis par les scientifiques ? Ce sera au préfet d’établir la nouvelle feuille de route des travaux d’abattage des VNF.
LA DEPECHE DU MIDI du 11/04/2014