Christian Lapalu, maire de Ventenac-en-Minervois, interpelle pour stopper « l’abattage massif des platanes » et accélérer la replantation.
« La mort du Canal du Midi à très court terme » : telle est la prédiction de Christian Lapalu. Premier magistrat de Ventenac-en-Minervois, il dénonce « le massacre à la tronçonneuse pratiqué sur les arbres sains : pour un arbre atteint du chancre coloré, il faut en abattre 6 ou 7 de part et d’autre ». Surtout, il pointe « le déséquilibre entre le budget accordé pour la coupe des arbres et celui destiné à la replantation ». En ce sens, il craint « une catastrophe économique qui impactera très rapidement les trois départements traversés par le Canal du Midi ».
D’autant que cette année, « 10 000 arbres devront être abattus sur les 42 000 que compte l’ouvrage ». Mais ce combat, il ne veut pas le mener seul. Pour être entendu, il lance un appel à la mobilisation et à la solidarité, tant aux communes, aux élus qu’aux associations et aux citoyens.
« Ce n’est pas une fatalité ! »
Christian Lapalu prône ainsi « une mutation en douceur du Canal du Midi ». Il ne conteste pas la nécessité d’abattre les platanes malades, « c’est une question de sécurité car ces arbres sont dangereux ».
Mais il s’interroge sur les coupes massives des arbres non atteints par le chancre coloré. « Personne ne peut dire combien de temps ces platanes vont vivre : 5 ans, 10 ans, 15 ans ? Or, leur abattage représente un coût énorme qu’il faudrait diminuer pour permettre la replantation de nouvelles essences dès maintenant. S’il n’y a plus d’ombre, plus personne ne fréquentera le canal. Pourquoi ne pas replanter dans les intervalles des arbres abattus ? Cela permettrait de consolider les berges et de laisser un canal qui amène toujours de la vie et de la richesse d’ici 15 ans ». Dès lors, pour Christian Lapalu, le sort du canal « n’est pas une fatalité ! ».
Ce serait même « une question de bon sens et de pragmatisme lié à l’économie et à l’environnement ». En ce sens, il s’inquiète également « des zones tampons que l’on voudrait nous imposer : il deviendrait impossible de construire à proximité du canal. Il faut rester dans l’état d’esprit de Pierre-Paul Riquet qui préconisait de construire au plus près du canal car ce dernier joue un rôle de lien social. Il est préférable d’encadrer l’urbanisation et non de l’interdire. D’autant que certains projets sont déjà à l’étude comme la création d’une voie verte par le conseil général… La mutation du canal doit avoir lieu en prenant en compte les aménagements qui servent à sa richesse ».
La solidarité s’organise
Mais ce combat pour le Canal du Midi « ne doit pas être celui d’un homme seul, car l’impact de la disparition des platanes se fera vite ressentir sur les 240 km de canal et donc sur plusieurs départements : toutes les communes doivent être solidaires ! », estime Christian Lapalu.
Après avoir interpellé les pouvoirs publics et les élus lors de l’assemblée générale de l’Association des maires de l’Aude, il a récemment envoyé un courrier à toutes les communes du département audois, de l’Hérault et de la Haute-Garonne. « De nombreux maires ont voté une délibération en conseil municipal pour soutenir cette action et nous recevons des messages tous les jours à la mairie de Ventenac ».
Fin 2013, Christian Lapalu, accompagné du sénateur Roland Courteau et de la député Marie-Hélène Fabre, a été reçu à Matignon par le conseiller du premier ministre. « Ce fut l’occasion de faire passer le message. Mais plus nous serons nombreux, plus vite nous ferons remonter l’information… Tout le monde doit se sentir concerné et il est urgent de se mobiliser avant qu’il ne soit trop tard », reprend-il.
Pour contacter la mairie de Ventenac-en-Minervois : mairie.de.ventenac.minervois @wanadoo.fr
L INDEPENDANT du 21 janvier 2014