Ouvrages
Le Canal du Midi ou Canal des Deux Mers, relie la Garonne à l’étang de Thau. Il fournit, avec le canal latéral à la Garonne, une voie navigable de l’Atlantique à la mer Méditerranée. Il a été prolongé par le canal du Rhône à Sète. D’abord nommé canal royal en Languedoc, les révolutionnaires le rebaptisent canal du Midi en 1789. Il a été considéré par ses contemporains comme étant le plus grand chantier du XVIIème siècle après celui de la construction du palais de Versailles.
Riquet a mis 15 ans à mûrir son projet, puis 4 ans pour convaincre Colbert et Louis XIV. Enfin, en janvier 1667, les travaux débutent. Il faudra 14 ans, jusqu’à 12.000 ouvriers et 7 millions de m3 de terre maniés à la main. Le chantier a coûté un peu plus de 17 millions de livres tournois, ce qui revient à environ 118 millions d’euros de maintenant.
Creuser un canal de navigation de 240 km de long qui traverse la plaine du Languedoc n’a pas était chose facile. De nombreux ouvrages d’arts ont été construits pour faciliter la circulation tout au long du canal et entre ses rives.
Parmi ceux-ci certains sont particulièrement impressionnants et magnifiques. On peut citer le pont-canal du Répudre, situé à un kilomètre du village de Parazza vers la Méditerranée. Il s’agit en réalité d’un aqueduc enjambant un petit ruisseau, le Répudre, qui pouvait avoir des crues violentes qui auraient compliqué le fonctionnement du canal. A part un même type d’ouvrage construit en Italie sur le Lambro, mais qui n’existe plus, le pont-canal du Répudre est le plus ancien ouvrage d’art de ce type au monde. Le canal du Midi en compte maintenant bien d’autres, dont la plupart ont été rajoutés par Vauban.
Un peu avant le village de Colombiers se trouve une réalisation unique due à l’opiniâtreté de Riquet : le tunnel du Malpas. En 1679, alors que le tracé du canal est pratiquement terminé, il vient se heurter au lieu-dit Ensérune à une petite montagne de tuf sablonneux, perméable à l’eau et sujette à éboulements. Voulant éviter un détour qui aurait alourdi encore le coût du chantier, Riquet décide de creuser en cachette des représentants du roi, un petit passage de 1,20 mètre à travers la montagne, sur une longueur de 165 mètres. Lorsque les envoyés du roi arrivent, ils ne peuvent que constater la pertinence de cet itinéraire. Une fois de plus, Riquet a réussi et il fait élargir le tunnel pour que le canal puisse y passer. Pour éviter les effondrements, il fait soutenir la voûte par un cintre de charpente en sapin et une maçonnerie plus solide.
Mais les ouvrages d’art les plus emblématiques du canal sont les écluses et les ponts. On compte 63 corps d’écluses incluant 101 bassins différents, avec une octuple à Béziers à Fonserannes, une quadruple à Castelnaudary à Saint-Roch, quatre triples, 19 doubles et 39 simples. Les fortes dénivellations, que ce soit côté atlantique ou côté méditerranéen ont obligé Riquet à construire ces nombreuses écluses, mais elles ont une spécificité particulière qui est leur forme en olive. En effet, mise à part la superbe écluse ronde d’Agde qui permettait aux bateaux de pivoter, toutes possèdent un bassin ventru destiné à limiter l’effet des fortes turbulences lors de leur fonctionnement. Riquet avait voulu des matériaux nobles pour les construire, que ce soit les pierres de taille pour la maçonnerie ou les meilleurs bois équipés de ferrements pour les portes. Malheureusement, certaines de ces écluses ont été fortement modifiées à la fin des années 1970 lorsqu’il fut décidé de les adapter au gabarit européen afin de développer le transport de marchandises.
Outre les écluses, Riquet fait bâtir un grand nombre de ponts, pour que les riverains dont les terres sont traversées par le canal, puissent passer d’une rive à l’autre. 130 ponts ont été construits. Les ponts d’origine sont facilement reconnaissables à leur forme en dos d’âne, contrairement à ceux qui ont été rajoutés par la suite. La construction des ponts, comme celle de la plupart des ouvrages du Canal du midi, a été faite avec les roches disponibles sur place, ce qui explique la diversité des matériaux utilisés : roche volcanique, briques, calcaire ou grès.
Le magnifique Pont de Somail est l’exemple type d’ouvrage bâti avec deux voire trois roches différentes telles que le calcaire, le grès et la roche volcanique.
Afin de réguler l’apport en eau des cours d’eau traversés et de garder toujours le même étiage au canal, Riquet, et Vauban après lui, fait construire des épanchoirs qui servent à évacuer les eaux excédentaires qui pouvaient élever le niveau d’eau en situation de gros orages ou de crues des rivières proches. Ainsi, on peut voir un kilomètre après La Redorte, le magnifique épanchoir de l’Argentdouble, dessiné par Vauban et réalisé en pierre de taille, et un peu plus loin, l’aqueduc de l’Argentdouble, tout aussi impressionnant.
Tout le long du canal, Riquet fait aménager des haltes et des ports à intervalles réguliers, de manière à ce qu’ils servent d’étapes pour les voyageurs de la barque de poste, comme pour les nombreux bateliers qui vont utiliser cette voie d’eau.
Mais Riquet ne verra malheureusement jamais la fin du chantier : il meurt en 1680 après avoir dépensé toute sa fortune, alors qu’il ne reste plus qu’une lieue à creuser. Ses fils vont poursuivre les travaux et leurs successeurs s’enrichir jusqu’à la Révolution où le canal est nationalisé.
Mais Riquet ne verra malheureusement jamais la fin du chantier : il meurt en 1680 après avoir dépensé toute sa fortune, alors qu’il ne reste plus qu’une lieue à creuser. Ses fils vont poursuivre les travaux et leurs successeurs s’enrichir jusqu’à la Révolution où le canal est nationalisé.