L’édit par lequel Louis XIV a permis la construction du canal du Midi est exposé à la Drac. Ce manuscrit de 1666 signé par le roi est conservé aux Archives départementales. Il n’en sort que pour les grandes occasions.
C’est un document exceptionnel que pourront voir les Toulousains jusqu’à samedi à l’hôtel Saint-Jean, siège de la Drac (direction régionale des affaires culturelles), 32 rue de la Dalbade. Un parchemin d’une quinzaine de pages, signé par Louis XIV en personne et par Colbert son ministre des finances. Cette pièce historique datée d’octobre 1666 est l’acte fondateur du canal du lMidi. En lisant la signature «Louis» tracée d’une écriture ronde, on peut imaginer le roi Soleil, entouré d’une armée de conseillers et coiffé de sa perruque bouclée signant à la plume ce parchemin sans lequel le canal du midi n’aurait jamais vu le jour. «Par cet édit Louis XIV ordonne qu’il soit procédé à la construction d’un canal de navigation et communication du canal des deux mers océane et Méditerranée. Riquet y est mentionné une fois. C’est l’ingénieur qui a su convaincre le roi que la construction d’un pareil ouvrage était possible. Quelques jours après la réception du document officiel à Toulouse, Riquet était déjà au travail» note Samuel Vannier, archiviste à Voies Navigables de France (VNF). L’édit royal comporte aussi un devis. Une enveloppe de 3,6 millions de livres était prévue pour les travaux soit l’équivalent de 8,7 millions d’euros, indique un des panneaux de l’exposition qui démarre aujourd’hui dans la majestueuse salle des anciennes écuries de l’hôtel Saint-Jean. Cette expo retrace toute l’histoire du canal. Elle a déjà été montrée cet été sur une péniche de VNF et va circuler en région. Mais sans le fameux manuscrit qui restera bien à l’abri dans sa caisse aux Archives Départementales. Ce document historique d’une valeur inestimable est placé sous haute surveillance pendant les trois jours où il reste à la Drac. 330 années le séparent d’un autre document important présenté lui aussi sous vitrine, à l’autre bout de la salle. C’est le diplôme de l’Unesco qui classe le canal royal au patrimoine mondial, la reconnaissance, plus de trois siècles après l’édit, de la valeur universelle exceptionnelle de ce monument. Octobre 1666-décembre 1996.
Ce double anniversaire se célèbre cette année un peu partout, le long des 360 kilomètres de la voie d’eau, de l’Atlantique à la Méditerranée.
Du 6 au 8 octobre de 10 heures à 12 heures et de 14 heures à 17 heures (entrée libre) à la Drac, 32 rue de la Dalbade, Toulouse.
Pourquoi cet édit royal est-il conservé à Toulouse ?
Quand l’Etat a créé la Compagnie du canal après la Révolution, un bâtiment a été construit au Port Saint-Sauveur pour y stocker les archives. Ce manuscrit y a été conservé longtemps, avec un second exemplaire, en moins bon état. Dans les années soixante il a été transféré aux Archives départementales pour lui assurer une excellente conservation.
Quelle est la valeur symbolique de ce document ?
Elle est primordiale. Il s’agit du document qui lance le chantier du canal des deux mers, premier grand projet d’envergure des Etats du Languedoc. Avec Versailles le canal est le grand chantier du règne de Louis XIV. Ce document marque aussi l’aboutissement des démarches entreprises par Pierre-Paul Riquet auprès des personnes influentes et à la Cour. Un long travail de négociation.
Cette exposition arrive presque à la fin des commémorations du 350e anniversaire…
Cette date a été choisie par le préfet car les recherches nous laissent penser que l’édit a été signé le 7 octobre, dans le château de Saint-Germain-en-Laye. Vendredi sera donc jour pour jour le 350e anniversaire de l’acte fondateur du canal du Midi.
Philippe Mercier, chef de mission Unesco à la Drac (direction régionale des affaires culturelles) Questions à
«350 ans jour pour jour»
Sylvie Roux
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