L’an passé, le traditionnel
bilan de la saison livré par
l’agence de développement
touristique (ADT)
avait déclenché une sévère riposte
de l’union des métiers de
l’industrie et de l’hôtellerie
(UMIH) et de son président audois,
Thierry Deniau : « On ne
peut pas laisser dire que tout va
bien et qu’on vit dans un monde
de Bisounours », avait répliqué le
responsable hôtelier au « bon bilan
» 2016 livré par l’ADT.
Pas de guerre des bilans au menu
pour 2017. D’abord parce qu’ADT
et UMIH se sont réunis à l’Hôtel
des 3 Couronnes à Carcassonne
pour livrer leur lecture de l’année.
Ensuite, parce que Thierry Deniau
l’a affirmé en préambule, « nous
sommes plutôt d’accord cette année
».
ð « Pas trop mauvais »
ou « en demi-teinte »
À quelques différences sémantiques
près, le bras armé du Département
en matière touristique et les professionnels
ont en effet une vision
semblable. « Un millésime pas trop
mauvais » pour Sébastien Pla, président
de l’ADT à tendance positiviste.
« Une année en demi-teinte »
pour Thierry Deniau, terre à terre,
capable d’égrener les multiples embûches
susceptibles de doucher les
ambitions de la profession, entre
difficultés de recrutements et lutte
à armes inégales face aux centrales
de réservations et locations de
particuliers (lire ci-contre).
Côté ADT règne cependant le sentiment
premier que les choses vont
mieux. Parce que si « nous n’avons
pas retrouvé les niveaux de fréquentation
d’avant la crise de
2011-2012, le léger rebond de 2016
devrait se confirmer en 2017. C’est
une année de transition, de retour
à la légère croissance. » Avec un
chiffre majeur pour rappeler que le
secteur reste indéniablement précieux.
« Nous ne sommes
qu’un morceau
du package de tour
operators »
En misant cette année sur un suivi
des flux assuré par les « traces de
téléphonie mobile », Sébastien Pla
annonçait « 14 millions de nuitées
dans l’Aude fin août. On devrait
bon an mal an arriver à 20 millions
sur l’année ». Avec un panier
moyen de consommation chiffré
entre 47 et 52 €, le calcul est simple
: le tourisme et son milliard d’euros
de chiffre d’affaires demeure
« la première économie » du département.
Un atout, donc. Qui doit cependant
encore se réinventer, confronté à
des problématiques multiples : pertes
de parts de marché en juillet,
glissements sur les arrière-saisons,
faiblesse des paniers de consommateurs,
sans oublier le problème,
pour l’heure insoluble, de ces touristes
qui ne font de l’Aude qu’une
trop brève étape dans le cadre de
circuits dessinés par des tour operators
nationaux ou internationaux
: « Nous ne sommes qu’un
morceau du package. » Pour résumer,
le tourisme audois doit régler
« un souci de compétitivité et d’innovation
», avance Sébastien Pla.
Une réalité entendue par Hervé
Baro, vice-président du Département,
convaincu que le « travail
sur la montée en gamme de l’offre
qualitative » peut aider à faire évoluer
le flux de touristes, en augmentant
l’exigence sur les personnels,
l’accueil et les conditions de visite
des sites Pays Cathare. Des lieux
où le Département espère aboutir
à un nouveau classement à
l’Unesco, procédure qui a traversé
une étape notable avec la visite des
experts du ministère de la Culture.
C’est enfin par la qualité de ses infrastructures
que l’Aude, évoquées
à travers le lourd chantier du très
haut débit, peut espérer mieux rebondir
encore. « Ça veut dire du
WiFi partout, mais aussi la LGV,
dont on ne peut pas se passer », citait
en exemple Sébastien Pla.
Comme un nouvel appel du pied
sur un dossier que l’Aude ne pourra
pas résoudre toute seule.
A. Ca
extrait de L INDEPENDANT du 10.10.2017