A Toulouse, le Réseau Fluvial tire la sonnette d’alarme sur l’état des berges de la Garonne. Selon eux, il n’existe pas de service dédié à l’entretien de ces espaces. Les cours d’eau de Midi-Pyrénées sont tout autant concernés.
«On se demande si on ne commence pas à radoter…» Pierre Cardinale, Valérie Pigagniol et Christian Boucherie sont tout trois membres du Réseau Fluvial, qui, à Toulouse, se bat pour protéger et mettre en valeur Garonne, Canal, et autres plans d’eau.
Depuis plusieurs années, ils ne cessent d’appeler à la création d’un véritable service d’entretien des berges de Garonne, face à l’abandon de celles-ci : dépotoirs, érosion, végétation non-entretenue…
Le 24 octobre dernier, La Dépêche dans son édition toulousaine faisait état d’un amoncellement de déchets sous le pont de l’Ile du Ramier, en plein cœur de la métropole (photo ci-contre). Et d’un courrier du maire de Toulouse au préfet, à ce sujet. Presque un mois après, rien n’a changé. Jusqu’à avant-hier soir. Les matelas, appareils électroménagers, bouteilles en plastique et autres ordures ont été emportés… par la Garonne en crue.
«Le préfet dit que c’est à la ville de nettoyer, le maire que c’est à l’Etat, chacun se renvoie la balle» déplorent les membres du Réseau Fluvial. «La vérité, c’est qu’aujourd’hui personne n’a les moyens de faire régulièrement des visites techniques des berges de la Garonne amont et aval, et de mettre ensuite les moyens de nettoyage et d’entretien en place».
Outre les déchets, les problèmes sont aussi «les berges qui s’érodent, les arbres qui tombent et se retrouvent au Pont Neuf, créant des embâcles, faute d’entretien».
Le Réseau Fluvial avance sa solution : «Le gouvernement a initié des emplois aidés, ça pourrait être l’occasion de créer une filière d’entretien des berges à moindre coût, tout en faisant de la réinsertion.»
Une proposition pas d’actualité pour la mairie. «L’entretien des berges est de la compétence de la communauté urbaine, et il existe un pôle pour ça, et celui des voies d’eau revient à VNF (voies navigables de France), que ce soit le Canal ou la Garonne. Mais dans le cadre de campements sauvages, comme au Ramier, c’est à l’Etat de s’occuper du nettoyage».
A VNF, on confirme être en charge du Canal. Mais en ce qui concerne la Garonne, uniquement pour le tronçon entre Tonneins (47) et le port autonome de Bordeaux, pas du tout dans Toulouse. De son côté, la préfecture assure avoir pris en compte le courrier du maire Pierre Cohen, et annonce avoir mis en place depuis des réunions techniques de travaux. Une information qui visiblement n’était pas arrivée jusqu’au Capitole, hier. Mais Pierre Cohen, qui doit voir le préfet la semaine prochaine, devrait mettre le dossier au menu des discussions.
Bref, Toulouse a beau vouloir se réapproprier son fleuve, notamment via le projet du parc Garonne, il risque de couler encore beaucoup d’eau sous les ponts avant qu’une solution pérenne soit trouvée.
Midi-Pyrénées pas épargnée
Michèle Jund est coordinatrice du pôle zone humide à l’association Nature Midi-Pyrénées. Selon elle, ce problème de berges servant de décharges et non-entretenues se rencontre «assez souvent sur les cours d’eau de la région». «On a toujours dans les mentalités qu’en jetant les déchets dans le fleuve, l’eau va les nettoyer, les emporter loin. C’est encore très ancré, notamment chez les plus âgés». Et il suffit d’un ou deux indélicats dans un village, «pour que ça fasse boule de neige». Si les déchets «sont la partie visible, l’état des berges n’est pas bon non plus, les boisements dépérissent, les bras morts se bouchent, le fond du lit se creuse…»
Heureusement selon elle que «beaucoup d’actions bénévoles sont menées. Ce sont des vastes chantiers, où l’on retrouve bouteilles en plastique, pneus, machines à laver ou téléviseurs».
Olivier Auradou LA DEPECHE du 21/11/2013