Où courir dans l’agglomération toulousaine ? La mairie de Toulouse vient de publier une carte qui recense les meilleures pistes de l’agglomération pour courir. Les berges du Canal du Midi demeurent une véritable autoroute à joggeurs. Tous les matins, des habitants du centre-ville enfilent dès 5 heures du matin leurs chaussures de sport afin de parcourir plusieurs kilomètres de piste aménagée. Même si certains coureurs comment à s’en éloigner, en raison de la pollution notamment : «Au niveau du port Saint-Sauveur, on court au milieu de la fumée des pots d’échappement des voitures», déplore un asthmatique. D’autres préfèrent utiliser la voiture pour se rendre à Sesquières, à la base de sports de la Ramée de Tournefeuille ou plus loin encore, à la forêt de Bouconne, du côté de Lévignac après Colomiers. Là encore, les avis sont partagés. Certes le cadre est idyllique, l’herbe est verte et les zones sont suffisamment spacieuses, mais ici, on regrette la distance trop importante de la ville. «C’est un comble de devoir prendre la voiture pour aller courir », regrette Lionel, sportif occasionnel. Le Jardin des Plantes, les quais de la Daurade comme la prairie des Filtres sont également recommandés. Pour Georges Ciminato de l’Association sportive des établissements aéronautiques de Toulouse (ASEAT), «contrairement à des villes comme Montpellier, Lyon ou Londres, il n’y a aucune véritable piste où courir en centre-ville». «Les bords de Garonne sont incontestablement à réaménager», prévient-il. Pourtant, les Toulousains sont toujours plus nombreux à être tentés par la discipline. Pour preuve, le 18 mars dernier, une deuxième boutique i-run.fr ouvrait ses portes au sein du centre commercial Labège. Idem pour la chaîne de magasins Running présente sur trois points dans l’agglomération comme à Balma et Blagnac. «Nous observons une démocratisation de cette activité sportive et un chiffre le montre : la vente de chaussures de course à pied a augmenté chez nous de 20 % en 2 ans», expliquent les responsables des boutiques toulousaines. À ce phénomène s’ajoute l’achat de plus en plus fréquent des montres GPS qui permettent d’étudier la vitesse de course et d’analyser le parcours et la distance effectuée en temps réel. «Il existe maintenant tellement d’applications pour smartphone et d’accessoires en tout genre pour faciliter l’effort que finalement, on finit par se lancer une première fois sans trouver cela éprouvant. Puis, on y prend goût et on recommence. Au final, le footing devient un véritable plaisir», avertit Nicolas qui s’est récemment offert un équipement complet pour courir tous les matins sur les berges du Canal du Midi dans les meilleures conditions.
Le futur Ramier dédié aux coureurs ?
C’est un projet envisagé depuis plusieurs années maintenant mais qui n’est pas encore sorti des starting-blocks : faire de l’île du Ramier un lieu privilégié pour courir mais aussi pratiquer un vaste panel d’activités sportives en milieu urbain. 450 hectares sont à réaménager pour ce qui devrait constituer le futur «poumon vert» du centre de Toulouse. «Ce lieu comportera des infrastructures dédiées aux sports et aux loisirs», explique-t-on à la mairie de Toulouse.
Imaginé par l’urbaniste et paysagiste Henri Bava de l’agence TER sous le contrôle de la municipalité, l’objectif est de réaliser un lieu inspiré — de façon plus modeste néanmoins — par le Central Park new-yorkais.
Terminé le Parc des expositions qui se délocalisera à Aussonne, l’île devrait faire la part belle aux sportifs en tout genre. Comme dans la «Grosse pomme».
«Ce serait la solution idéale : déjà on évite l’usage de la voiture pour aller pratiquer sur des pistes à l’autre bout de la ville, mais c’est aussi l’assurance de courir dans un environnement sain», se réjouit Joël, habitué au footing le dimanche. Cela correspond à ce que demandent d’ailleurs de nombreux coureurs toulousains.
Les premières réflexions ont démarré en 2008 sous le mandat de Pierre Cohen dans le cadre du projet de Grand Parc Garonne. «Nous voulions faire de l’île du Ramier un lieu de vie. D’ailleurs, c’est un peu le sens de l’histoire puisque les premières installations sportives ont été décidées il y a plusieurs décennies», se souvient Alexandre Marciel, l’ancien adjoint de Pierre Cohen.
Même son de cloche du côté de la municipalité actuelle puisque, conformément aux promesses faites lors de la campagne électorale de l’an dernier, le projet de réaménagement de l’île du Ramier est maintenu. Le «Central parc à la toulousaine» est pour le moment l’objet de plusieurs réflexions. Les premières pistes ont été évoquées jeudi dernier par les membres du Parlement du Sport. À l’arrivée, l’île devrait ressembler à ce qui avait été esquissé l’année dernière par le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc : vouée aux loisirs et aux sports, on y retrouvera l’ambiance des Pyrénées, dans une «Cité de l’extrême» avec des activités dédiées dans un espace naturel (neige artificielle, escale, fosse de plongée…). La majorité municipale envisage par ailleurs de créer un vrai bassin de natation de 50 m sur l’île du Ramier et une piscine ludique. Autre équipement structurant, la construction d’un Stadium couvert d’athlétisme de haut niveau dans la métropole Enfin elle pourrait accueillir une Maison du sport universitaire à la cité Faucher.
Dr Henri Perelroizen : «Courir en ville est dangereux sur le plan respiratoire»
Henri Perelroizen est pneumologue et allergologue à la clinique Saint Jean Languedoc, 20 route de Revel. Lui-même amateur du footing, il dresse un constat critique de la pratique en centre-ville.
Est-il dangereux de courir à Toulouse ?
Il est incontestable que le centre-ville n’est pas l’environnement idéal pour faire son sport. Je dirais même plus, courir en ville est dangereux sur le plan respiratoire. Je pense notamment aux bordures du canal en heure de pointe comme dans les jardins municipaux. Les voitures émettent des gaz et des particules toxiques pour le corps.
Il y a plus de risques qu’auparavant ?
Il faut admettre que la surveillance de la qualité de l’air et les modifications de l’hyper-centre à l’image de la piétonnisation participent à une amélioration de la pratique d’un point de vue médical. De plus, nous avons la chance d’avoir une ville ventilée contrairement à Paris par exemple.
Quelles sont les conséquences pour le corps d’une course à pied dans un environnement pollué ?
Sur le court terme, on retrouve des symptômes d’irritation et le système respiratoire est largement fragilisé. A cela, il faut ajouter l’inflammation des voies respiratoires. Finalement, si l’exposition est trop importante, les crises d’asthme seront plus importantes et l’individu atteint d’allergies y sera plus sensible. Sur le long terme, il faut encore attendre une dizaine d’années pour avoir suffisamment de recul mais on devrait probablement découvrir les conséquences des polluants et des particules fines dans l’air. Je fais évidemment allusion au cancer.
Comment courir dans les meilleures conditions ?
Contrairement à ce que l’on pense, les masques sont inefficaces face aux particules fines. Quant à un équipement particulier, j’ai bien peur que ce soit trop contraignant lors d’une course à pied.
Quel lieu conseillez-vous pour courir ?
Loin des grands axes routiers. Le mieux étant hors du centre-ville, avec du vent et en dehors des heures de pointe.
Propos recueillis par Hugo-Pierre Gausserand
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