Faire entrer de la contemporanéité
à l’oppidum d’Ensérune,
il fallait y penser. Et surtout le
faire. Quand l’archéologue Lionel
Izac, administrateur de cet oppidum
de la Celtique méditerranéenne
(*) dialogue avec le sculpteur biterrois
Lionel Laussedat, la rencontre
ne peut qu’engendrer un événement
des plus insolites : un parcours
dans ces sept siècles de civilisations
contenus dans un parc archéologique
de 2 ha, sur la colline
de Nissan-lez-Ensérune, à travers
six sculptures monumentales en
acier corten de l’artiste.
Plus qu’une exposition, ce véritable
dialogue artistique, historique et
d’actualité (“Dialogue” est d’ailleurs
le nom de l’événement et exposition
à la fois) entre des vestiges gaulois
et des oeuvres contemporaines
de celui qui fut le directeur artistique
de pavillon de France lors de
l’exposition universelle de Shanghai,
va s’instaurer du 25 juin au
18 septembre.
«Mon travail s’appuie toujours sur
l’histoire, indique Lionel
Laussedat. Ainsi, les correspondances
entre mes oeuvres, qui existaient
déjà, et les vestiges se sont
créées tout naturellement».
Sa colonne en acier, très géométrique,
de 3 m de hauteur, celle «qui
interroge sur les malheurs de la
Grèce d’aujourd’hui», va, par exemple,
côtoyer la colonne gallo grecque,
en pierre, du IIe siècle av.
J.-C. Et donc «donner à voir l’invisible
», à savoir un seul pays, un même
objet, un même lieu mais pour
deux périodes, deux disciplines,
deux matériaux, deux auteurs…
Les six sculptures, toutes installées
autour du musée, sur l’acropole,
dont une partie sur les vestiges du
quartier gaulois, sont accompagnées
de deux textes. L’un rédigé
par un archéologue choisi par Lionel
Izac «sur le thème de la Méditerranée,
de son histoire, pour être
mis chaque fois en résonance avec
celui de l’artiste». Qui lui propose
soit des textes d’auteurs, soit ses
propres textes. Comme: «Qu’est devenue
la mémoire des jours qui furent
les tiens sur terre, et tissèrent
joie et douleur, et furent pour toi
l’univers ? », de Jorge Luis Borges.
À ces six oeuvres monumentales
avec textes, s’ajoutent trois autres
sculptures, plus petites, sur socle,
toujours de Lionel Laussedat, qui,
cette fois, sont mises en correspondance,
dans le musée même, avec
des objets de la collection. Parmi
les sculptures, on trouve la pirogue
plantée dans une table représentant
le voyageur écrivain immobile, qui
dialogue avec le buste de Félix Mouret,
l’inventeur du site archéologique
d’Ensérune, «qui a, toute sa
vie, écrit sur l’histoire d’Ensérune
», indique Lionel Izac.
Enfin, quelques dessins préparatoires
de l’artiste du Château Vargoz
de Sérignan, apposés sur les murs
intérieurs, viendront compléter l’exposition.
ANTONIA JIMENEZ
ajimenez@midilibre.com