Logements sociaux ou associatifs, qui prendraient place autour d’un lieu où la biodiversité est intacte. De peur que l’Etat ne se déleste du joyau urbain, «Voies navigables de France» est encouragé à redonner une âme aux maisons du Bassin des Filtres.
Le projet ne date certes pas d’aujourd’hui, mais son étude de faisabilité, comme on dit en bon langage administratif, est sur le point d’effectuer un grand bond en avant. La vingtaine de maisons éclusières qui baignent l’atmosphère souvent benoîte du Bassin des filtres, devrait à terme faire l’objet d’une totale reconversion. Surannées, les habitations semblent de fait avoir fait leur temps, elles qui jadis furent érigées en chalets de bois, afin d’y loger le personnel qui œuvrait dangereusement à la confection des barrages pyrénéens. «L’idée de l’étude, menée en concertation avec les habitants, est de remplacer ces chalets qui ont vieilli par du petit habitat collectif. D’abord pour y reloger nos personnels et leurs familles, ensuite pour que ceux-ci puissent, s’ils le désirent et s’ils le peuvent, accéder à la propriété», explique Jacques Noisette, porte-parole de Voies navigables de France (VNF).
Hier après-midi, encore, les maisons éclusières ne manquaient pas de susciter la curiosité des promeneurs, nombreux à profiter des largesses du soleil d’hiver. Étranges constructions que ces chalets aujourd’hui abandonnés pour la plupart, contrairement aux maisons en «dur» que leurs occupants ne quitteraient pour rien au monde. «On est bien ici. Au printemps, quand les arbres fleurissent, on ne voit plus les voitures au loin, on se croirait en pleine campagne, alors qu’on est en pleine zone urbaine», confie Céline, fille d’agents, qui vit ici depuis cinq ans.
Sur un site que gère VNF, mais qui reste la propriété de l’Etat (service des Domaines), les prospectives vont bon train. Dans sa récente lettre adressée au directeur de VNF, Marc Papinutti, le Réseau fluvial toulousain pousse clairement pour faire avancer le dossier. Ses représentants parlent même de «reconversion urgente» face aux demandes de logements insatisfaites sur Toulouse, notamment en matière de logements sociaux. Ils évoquent la reconversion parallèle des maisons forestières, votée sans sourciller par les parlementaires. «Surtout, on veut éviter que Bercy décide un jour de se séparer de ce joyau qu’est le Bassin des filtres. Là, ce serait la porte ouverte à tous les investisseurs et promoteurs», craint Pierre Cardinale, du Réseau fluvial toulousain.
C’est pourquoi, plus que jamais, par une procédure d’appels à projets, VNF souhaite proposer à la location des bâtiments vacants -dont les maisons éclusières- rattachés au Domaine public fluvial, ceci pour y implanter de nouvelles activités.
le chiffre
Une guinguette au bord de l’eau ?
«Cet endroit confidentiel de Toulouse, situé à proximité du canal de Brienne et de la Garonne, doit avoir comme ambition de devenir un lieu incontournable de rencontres et d’échanges conviviaux», estime Florence Bellamy, chargée de mission du Réseau fluvial toulousain. Elle évoque la création de gîtes fluviaux, l’installation d’un établissement de restauration, la mise en place d’activités éducatives et d’animations fluviales. D’autres parlent même d’une guinguette à l’ancienne au bord de l’eau. Un lieu d’accueil pour professionnels des voies d’eau pourrait aussi être le bienvenu, où seraient exposées les dernières documentations sur les canaux, de type «Replantons le canal du Midi» et «Grand Parc Garonne».
LA DEPECHE DU MIDI 29 janvier 2014