L’animal” est redoutable : en quelques mois, le chancre coloré a nécessité l’abattage de milliers de platanes un peu partout dans la région. Et, notamment, sur les berges du canal du Midi (*).
Jusqu’au printemps dernier, l’Île singulière avait été épargnée. Seulement parlait-on d’un papillon de mauvais augure qui s’en prenait, pour sa part, aux palmiers.
Or, au mois de mars dernier, étaient identifiés, sur neuf arbres de la place Briand, « les symptômes d’infestation » caractéristiques du chancre coloré. Ce que confirmaient les analyses de la Fredon (Fédération de lutte et de défense contre les organismes nuisibles), identifiant six autres platanes comme étant “potentiellement contaminés”.
Un protocole d’abattage strict
Et pour lutter contre ladite mycose, aucune alternative à l’abattage, qui est en outre une obligation légale au regard d’un arrêté préfectoral de 2011.
Dès lundi, une entreprise procédera ainsi à l’abattage de 15 des 90 platanes centenaires de l’esplanade, en respectant un protocole très strict pour éviter la dissémination des spores : port de combinaisons jetables pour le personnel, pose de bâches pour la récupération des sciures, désinfection, chaque jour, des engins et outils servant à l’opération, transport des bois abattus par camion bâché vers des sites de brûlage spécialisés, etc.
Des précautions qui ne sont pas du luxe quand on sait que les spores peuvent par exemple être convoyées par les pneus des véhicules (c’est peut-être d’ailleurs par ce biais qu’ils sont arrivés sur la place Briand, lors des travaux qui y ont été réalisés en 2013).
L’opération d’abattage sera suivie de la dévitalisation des souches résiduelles. Par la suite, tout transport de terre issue de la place sera interdit, ainsi que toute réimplantation de platane sur le site pour une durée de 10 ans !
Pour expliquer le pourquoi de l’opération aux Sétois (« Un crève-cœur », assure-t-on en mairie), une brochure explicative sera distribuée vendredi aux riverains de la place. Et, lundi, c’est le Mobil Infos de la Ville qui sera stationné sur place afin de fournir toutes les explications nécessaires.
À ce jour, la ville de Sète compte approximativement un millier de platanes, dont une bonne partie avenue Victor-Hugo et en bordure du boulevard de Verdun.
Ces derniers seraient, pour l’heure, encore épargnés par le terrible champignon.
(*) S’il a surtout fait des ravages ces dernières années sur les berges du canal du Midi notamment, le chancre coloré est néanmoins présent en France depuis des décennies : il aurait été introduit par les véhicules alliés lors du débarquement de Provence à la fin du second conflit mondial.
MIDI LIBRE