Chaque matin, le port est investi par une colonie écologiste de cyclotouristes toujours plus nombreux. Ils prennent une collation avant d’attaquer l’étape, se renseignent auprès de l’office de tourisme sur les merveilles qu’ils vont traverser. Avec ou sans remorque, les sacoches débordantes de la roue arrière, parfois de celle de l’avant aussi, la carte sous «cello» fixée soigneusement au guidon, les vélos accusent des poids respectables, bien loin de ceux très légers des coureurs du Tour de France.
Dans cette communauté itinérante, il existe plusieurs profils, des avaleurs de kilomètres aux contemplatifs. Martine et Jean-Paul, un couple de Bretons de Rennes, fait partie de la première catégorie. Partis du Cap-Ferret sur le bassin d’Arcachon, ils ont décidé de rallier Sète en une semaine. À raison de 90 km/jour, sur des montures de 35 kg (avec la tente pour le camping tous les soirs), ils s’astreignent à ce rythme soutenu, concentré sur la première partie de journée. Aperçus au niveau de l’écluse de Trèbes, ils étaient partis de Carcassonne mercredi afin de rejoindre Capestang en milieu d’après-midi. Attentifs aux voies empruntées, nos Bretons étaient particulièrement critiques sur l’état des chemins de halage du canal du Midi : «Alors que le canal de la Garonne offre une piste cyclable bitumée super, ici c’est le vrai «tape-cul». On n’a pas le temps de regarder le paysage tant on est pris par la conduite de nos engins en vue d’éviter ornières, racines ou autres embûches». Marleen et Erik, Belges de Bruxelles, à l’inverse, croisés au même endroit, prennent le temps. De Bordeaux à Montpellier, leur périple est plus lent. Le soir dans un hôtel ou une chambre d’hôtes, ils ont plaisir à goûter à la gastronomie locale et privilégient les paysages à la moyenne. «Nous sommes prêts à sortir du canal afin d’aller visiter tel ou tel site qui vaille le coup. On aime découvrir, admirer». Ils auraient d’ailleurs préféré flâner le long du ruban vert… en tandem, plus romantique, mais comme il nous le précisaient, la SNCF ne les accepte pas. Le retour par le rail, rendait cette possibilité caduque.
P.A.
extrait de LA DEPECHE DU MIDI
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