Fin juin 2016, la Région et la Préfecture de Languedoc-Roussillon/Midi-Pyrénées ont mis en place le premier « Comité de Bien pour le Canal du Midi », avec pour objectif de définir les grands enjeux qui devront être relevés dans les années à venir autour de l’ouvrage de Riquet.
C’est dans ce contexte que vient d’être lancé le « Labo Canal du Midi et Canal des Deux Mers ». Ce comité, regroupant des scientifiques aux horizons variés, va s’efforcer de réunir les compétences des uns et des autres pour échanger et débattre des problématiques de cette voie fluviale classée au patrimoine mondial de l’Unesco et qui fête cette année ses 350 ans.
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« Pallier aux carences en termes de données sur le canal »
Chercheurs, ingénieurs, architectes, aménageurs et entrepreneurs vont ainsi se mobiliser dans les mois à venir sur plusieurs sujets, de la quantité et qualité des eaux du canal à sa biodiversité, en passant par la santé du végétal à proximité, la pollution du site, le traitement et stockage de ses boues, le transport fluvial ou encore, le développement économique de ses abords.
Jusqu’à présent, il n’y avait pas d’équipe scientifique pour gérer le canal, explique Pierre Cardinale, membre du Labo Canal du Midi et Canal des Deux Mers. L’idée de ce comité est de pallier aux carences en termes de données sur le canal du Midi et de remobiliser les scientifiques sur l’avenir du site.
Une trentaine de scientifiques et de laboratoires de la région Occitanie sont ainsi déjà entrés en contact pour partager leurs compétences et expertises au sein de ce comité, dirigé par Anne Mesas, directrice de recherche du laboratoire Fredon Midi-Pyrénées, et Serge Soula, chercheur en physique de l’atmosphère de l’Université Paul Sabatier.
Cinq programmes déjà définis…
Et le travail est déjà bien entamé puisque cinq projets ont été élaborés et seront déposés en septembre auprès du Comité de Bien du Canal, qui doit mettre en place, d’ici la fin 2016, un plan de gestion du canal.
Pour l’instant, le comité scientifique souhaite présenter un programme de vigilance écocitoyenne autour de la santé du végétal.
Il faut absolument sensibiliser le grand public, les entreprises, les collectivités sur la problématique du chancre coloré, maladie qui atteint les platanes, afin de limiter sa propagation, estime Anne Mesas.
Clips, kit pédagogiques, ateliers, visites, animations… seraient autant de moyens de vulgariser ce sujet auprès du plus grand nombre.
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Un canal bientôt à sec ?
Les scientifiques proposent par ailleurs de se pencher sérieusement sur l’impact du réchauffement climatique à prévoir sur le canal du Midi. « Comment va-t-on continuer à l’alimenter alors que les précipitations et les débits des rivières qui servent à l’approvisionner sont en baisse constante ? Comment limiter l’évaporation jusqu’ici évitée par la voûte arborée du canal ? Voici autant de questions auxquelles il va falloir trouver des réponses… », précise Serge Soula.
Un programme incitera également à assurer un suivi de la qualité de l’eau du canal du Midi, en lien avec la gestion des différentes formes de pollution et le réchauffement climatique.
Le canal du Midi soulève des problématiques particulières sur ce point, du fait de longues périodes de stagnation de ses eaux, mais aussi de l’effet “chasse d’eau” lorsque les écluses sont ouvertes, décrit Marie-Christine Huau, directrice d’une filiale de Veolia.
Gestion des boues
Il sera aussi question de la compliquée gestion des boues du canal. « Celles-ci renferment des polluants, et potentiellement des spores du chancre coloré. Il faut donc trouver des moyens de stocker et traiter ces boues, alors que « 25 000 m3 d’entre elles sont déjà en attente entre deux sites, à Lalande et Castanet », insiste Pierre Cardinale.
Enfin, le comité aimerait voir se développer un tourisme responsable, avec une maîtrise de la fréquentation et de l’accessibilité au site – « qui est actuellement impossible à chiffrer », estime Pierre Cardinale – mais aussi un aménagement social et solidaire, mettant en relation tous les usagers du canal, des visiteurs ponctuels aux salariés des entreprises qui le fréquentent chaque jour.
On pourrait par exemple envisager des jardins partagés, familiaux, pédagogiques… sur des espaces à proximité actuellement en déshérence, envisage Anne Mesas.
… et d’autres à venir
À ces différentes propositions de projets, devraient s’en ajouter d’autres dans les semaines à venir.
Le 16 septembre prochain, de 9 h à 17 h, une journée d’échanges et d’ateliers sera organisée sur la péniche L’Occitania, à l’écluse Bayard, afin de « réfléchir à l’impact du canal sur l’économie d’un point de vue autre que touristique », annoncent les membres du comité
extrait de « www.actu-cote-toulouse.fr