Vignoble du Saint-Chinian
En France, vin et viticulture doivent beaucoup aux moines et le Languedoc n’échappe pas à la règle. L’étymologie de Saint-Chinian en est une preuve. En 826, un monastère bénédictin est fondé sur la rive droite du Vernazobres sous l’invocation d’un saint, Aignan, ou Agnan, à moins qu’il ne s’agisse de saint Benoît d’Aniane… Comme la plupart des abbayes, celle de Saint-Aignan, dont le toponyme en langue d’oc locale se fixe en Saint-Chinian, pratique la culture de la vigne. Il n’est donc pas interdit de penser que l’AOC (appellation d’origine contrôlée) de Saint-Chinian porte le nom d’un saint homme !
Quatrième des AOC Languedoc en volume, l’aire du Saint-Chinian couvre 20 communes et 3 000 hectares de vignoble. Labellisés depuis 1982, les saint-chinian rouges (82 % de la production totale) et rosés (13 %) sont assemblés à partir de grenache, syrah, mourvèdre, carignan, cinsault ou lledoner pelut. Les saint-chinian blancs ne représentent que 5 % de la production. Ils obtiennent l’appellation en 2004, au moment où deux appellations communales sont distinguées autour des villages de Berlou et de Roquebrun.
Encadrée à l’est et à l’ouest par deux autres AOC du Languedoc, le Minervois et le Faugères, la zone du Saint-Chinian s’étend des contreforts de l’Espinouse et du Caroux, au nord, jusqu’à la plaine de l’Aude et au canal du Midi au sud. Le climat méditerranéen y est prédominant, ainsi que les paysages de garrigues et de maquis, sur des terroirs dont l’altitude varie entre 100 et 400 m.
Les saint-chinian rouges se caractérisent par la complexité de leur bouquet ainsi que par une finale tout en fraîcheur. Ils développent des notes de laurier, de garrigue, de cassis et d’épices, parfois des arômes plus complexes de cacao et de torréfaction. Avec un vignoble limité à 250 hectares, le saint-chinian-berlou propose des vins rouges à l’attaque en bouche souple, aux tanins soyeux et d’une grande finesse. Après des vendanges à la main et un élevage jusqu’au 1er décembre suivant l’année de récolte, les vins de Saint-Chinian-Roquebrun développent une puissance aromatique complexe sur les fruits rouges, et une bonne rondeur en bouche, sur des notes d’épices.
À Saint-Chinian, la maison des vins offre un panorama de la diversité des domaines et de leurs créations. En juillet, la fête du cru de Saint-Chinian attire de nombreux vignerons et producteurs locaux autour de la confrérie des chevaliers de Saint-Chinian qui défile dans la ville après avoir tenu chapitre. Les producteurs du Saint-Chinian s’attachent à l’accueil des visiteurs, et développent depuis plusieurs années une démarche oenotouristique structurée. Balades vigneronnes, dégustations à la cave, expositions d’art ou concerts attirent les visiteurs entre ceps et cuves.
Chacun des villages de l’appellation, aussi petit soit-il, recèle un ou plusieurs sites d’intérêt patrimonial ou naturel, dans de magnifiques paysages de garrigues, sur fond de montagnes culminant à plus de 1 000 m. Le jardin méditerranéen de Roquebrun, la tour donjon de Cessenon-sur-Orb, l’église fortifiée de Cruzy, le château médiéval ainsi que la maison du viguier avec son plafond peint à Puisserguier, ou encore l’abbaye romane de Fontcaude, sont à découvrir sur un territoire qui développe également un programme de randonnées à thèmes, autour des parfums de garrigues ou des capitelles, ces petits abris voûtés en pierre sèche qu’utilisaient autrefois bergers et paysans.